Si Sun Microsystems a subi bien des aléas dans le sillage de l'éclatement de la bulle Internet, contraint, depuis lors, de batailler pied à pied pour rester dans la liste des fournisseurs des directions informatiques, il est désormais en passe de tourner cette page. En moins de deux ans au poste de PDG, Jonathan Schartz (nommé à cette fonction en avril 2004) a ramené fermement Sun dans la bonne direction, après plusieurs années marquées par les pertes financières. Il a ressuscité l'activité logicielle emblématique et l'activité de stockage. Et il a mis sur pied une feuille de route de sortie de produits qui est, selon l'analyste Katherine Hubert, de Morgan Stanley, « la plus solide depuis des années ». « Il faut porter au crédit de Jonathan Schwartz son excellente compréhension de la façon dont matériel et logiciel doivent être combinés, admet Bud Mathaisel, directeur des systèmes d'information du fournisseur de services d'infogérance Achievo. En outre, la technologie et les prix de Sun sont très concurrentiels ». Galaxy, serveurs lames, SeeBeyond... La ligne de serveurs Galaxy et les serveur lames ont séduit de nombreuses entreprises et l'activité de stockage est en croissance. Sun est déjà entré sur le marché des serveurs à quatre coeurs (quand le processeur concurrent Barcelona d'AMD a encore des problèmes). Et cette année, il sortira de nouveaux serveurs, produits de stockage et équipements de réseaux. En août dernier, Sun a racheté l'éditeur SeeBeyond, une acquisition de 387 M$ qui le met en position de devenir un fournisseur de choix dans la course aux outils d'intégration nécessaires aux architectures orientées services. Ses récentes gammes de matériel et le bus de services d'entreprise (ESB, enterprise service bus) apporté par SeeBeyond le placent également au coeur du marché des centres de données. Des centaines de millions en R&D Bien sûr, Jonathan Schwartz n'est pas le seul à pouvoir être crédité de ce redressement. Son prédécesseur, Scott McNealy, le co-fondateur de l'entreprise, a consacré des centaines de millions à la R&D au cours des jours sombres de l'année 2002. C'est aussi lui qui est à l'origine de l'UltraSParc T1 (Niagara), le processeur qui maintient Sun en compétition avec ses grands rivaux, IBM, HP et Dell. Plus encore, Scott McNealy a eu l'intuition de faire revenir en 2004 Andy Bechtolsheim, l'autre co-fondateur de Sun, architecte en chef et artisan de la gamme de serveurs Galaxy à base des processeurs Opteron d'AMD, celle-là même qui a permis au constructeur de se réintroduire sur le marché des centres de données. Le parcours de Sun, qui l'a conduit à glisser du rôle de leader à celui de suiveur, pour retrouver de nouveau l'étoffe d'un concurrent de poids, a été particulièrement pénible, notamment à cause des fortes réductions de personnel que le constructeur a dû opérer. Mais les chiffres en attestent désormais (les quatre trimestres profitables consécutifs, les résultats records tout autant que les succès qui s'additionnent), si Sun ne figure pas encore en haut de la liste des fournisseurs de toutes les directions informatiques, il a retrouvé toute sa vigueur.