Annoncé en septembre dernier, le programme Innov&Connect de BNP Paribas vient d'atteindre un nouveau palier. L'établissement bancaire, qui compte accompagner 150 start-ups sur 3 ans pour les aider à se développer, vient d'inaugurer ses deux WAI (We Are Innovation), des centres d'hébergement visant à accueillir les jeunes pousses en leur proposant un cadre et des environnements de travail pratiques et modulaires. Le moins que l'on puisse dire, c'est que BNP Paribas a mis les moyens; la banque a prévu d'investir 10 millions d'euros sur 3 ans en offrant à ces jeunes pousses un programme d'accélération gratuit pendant 4 mois auquel s'ajoute un accès à l'expertise de l'Atelier BNP Paribas en matière d'Open Innovation et la location d'un espace de travail à un tarif avantageux (300 euros en moyenne par mois).

Les deux WAI, qui s'étendent sur une surface totale de 3 000 m2, sont localisés dans des endroits stratégiques : l'un au centre de Paris, dans le quartier du Silicon Sentier à quelques minutes à pied du NUMA (la Cantine et le Camping), et un autre sur le plateau de Saclay, haut lieu de la recherche et du développement en Ile-de-France. Par rapport à beaucoup d'autres initiatiatives (Orange, Dell, Randstad...), BNP Paribas fait du rapprochement entre start-ups et entreprises de taille intermédiaire (ETI) un pilier de son dispositif. « Le programme est axé sur la création de valeur, c'est le premier programme bancaire lié à l'innovation et aux entreprises de taille intermédiaire », a lancé Myriam Beque, directeur du pôle développement et innovation de la banque de détail en France.

15 pôles d'innovation accompagnant 1 200 France dans toute la France

Avant de lancer ce programme, BNP Paribas avait déjà posé plusieurs jalons avec, dès 2012, l'ouverture de 4 pôles d'innovation visant à accompagner les start-ups dans leur développement. Ces pôles, aujourd'hui au nombre de 15, accompagnent 1 200 start-ups dans toute la France. Sachant que d'autres initiatives ont également été menées en parallèle : investissements dans des fonds d'amorçage, signature d'une chaire pour promouvoir l'esprit d'entreprise avec Polytechnique et l'IAE, ou encore une contribution dans le crowdfunding.

Pour réussir son pari d'accompagnement des jeunes pousses, BNP Paribas indique s'être appuyé sur un écosystème de 350 partenaires « de tous niveaux ». Parmi eux on trouve des cabinets de conseil de nombreux organismes qui touchent à l'innovation en région et à l'international. Pour promouvoir ses initiatives, BNP Paribas a activé de nombreux relais, tant du côté des start-ups (business angels, fonds d'investissement, pôles innovations, Atelier...) que des ETI (appui sur les 28 centres d'affaires BNP Paribas dédiés aux ETI, rendez-vous organisés, bouche-à-oreille...). L'établissement bancaire s'est aussi naturellement adossé à l'Atelier, son pôle innovation, qui présente à ses yeux « un atout fort et différenciant » par rapport aux autres initiatives qui visent à accomapgner les start-ups. « Nous avons la capacité de connecter des start-ups à des entreprises d'un pays à l'autre et nous pouvons compter sur notre très forte présence auprès des ETI chez qui nous sommes présents pour trois-quarts d'entre elles », a expliqué Marie-Claire Capobianco, directrice des réseaux France de BNP Paribas.

L'annonce du lancement des deux WAI de BNP Paribas, avec au centre Myriam Beque et, à droite, Marie Claire Capobianco, respectivement directrice du pôle développement et innovation de la banque de détail en France et directrice des réseaux France de BNP Paribas. A gauche, Nicolas Benady, co-fondateur d'AntelopPayments, une start-up accélérée et faisant partie du programme Innov&Connect. (crédit : D.F.)

« Toutes les start-ups ne sont pas au même stade de maturité, certaines ont besoin d'être accélérées en phase de concept, d'autres en phase de lancement commercial », précise Myriam Beque. La phase d'accélération ne consiste pas seulement, comme l'a martelé à plusieurs reprises tous les sponsors de ce projet, en un accompagnement financier. Le rôle de la banque étant dans ce cas, contrairement à ce que l'on pourrait penser de prime abord, d'accompagner les start-ups pour leur donner des clés d'Open Innovation et non de leur apporter des fonds comme pourraient le faire de traditionnels capitaux d'investissements. « Lever des fonds n'est pas une fin en soi, l'objectif étant de connecter des ETI avec des start-ups pour les faire décoller », a fait savoir Yohan Jaffre, directeur Open Innovation Lab. Une approche de co-construction de projet qui consiste donc avant tout à définir les contours d'une stratégie (commerciale, business...) pour la start-up et de l'accompagner tout en lui faisant part des éventuels risques qu'elle pourrait rencontrer.

A l'occasion de l'inauguration de ces WAI, BNP Paribas a par ailleurs dévoilé les 8 binômes start-ups-ETI, fruits d'une longue étape de sélection menée tout au long de 2014 et sur la première partie de 2015. Les couples formés sont les suivants : Pierre Fabre et Feelgreen (diffusion de médicaments à travers la peau), LNA et Co-assist (objet connecté de signalement de chute ou de malaise), Open et Echinopsii (compréhension de l'environnement digital), Agrial et Energiency (big data pour l'Internet des objets, repérée par LMI à Laval Virtual 2015), Groupe Chantelle et Gowento (aide à la génération de trafic en points de vente), Thuasne et Valwin (site web interactif pour la santé), Neopost et Shippeo (transport routier connecté, faisant partie de la 1e promo Start-Up 2015 d'HP) ainsi que le couple HiMedia Group et AntelopPayments (paiement sans contact mobile), invités à l'occasion du point presse organisé par BNP Paribas jeudi 16 avril. « AntelopPayments nous a apporté une expertise différente de la notre pour arriver à trouver une idée et une technologie. Nous sommes assez excités par le challenge et l'aventure », a fait savoir Gabriel de Montessus, directeur général d'HiMedia Group. « Ce que l'on a beaucoup apprécié c'est le côté agile et rapide du rapprochement contrairement à ce que l'on voit ailleurs avec des dossiers délirants à remplir », a lancé Nicolas Benady, co-fondateur d'AntelopPayments.

Le couple start-up / ETI pourra durer ou se rompre selon les affinités

Une belle histoire commence donc pour les couples formés, mais il ne s'agit en aucun cas d'inscrire dans le marbre une histoire ni de forcer la main en cas de difficultés qui pourraient surgir au cours des prochains mois. « C'est comme dans la vraie vie, des couples se forment à durée déterminée dans un premier temps et on va voir ce qui se passe au bout de 6 mois, s'il peut se passer quelque chose entre eux ou bien s'ils décideront de ne pas aller plus loin », a prévenu Yohan Jaffre.

Pour BNP Paribas, le soutien au développement des start-ups n'est bien sûr pas philantrophique. Même si l'établissement indique ne pas attendre de retour sur investissement précis, elle espère bien au fond que les liens noués avec toutes ces entreprises serviront un jour de cloche de rappel à son bon souvenir dans un projet de prêt par exemple. Entre accélération et financement, BNP Paribas est toutefois loin de mélanger les torchons et les serviettes. « Les 1 200 start-ups soutenues dans nos pôles ne sont pas sous perfusion. La banque fait des prêts mais on ne prête pas à des structures qui ne peuvent pas rembourser. Le risque doit être limité, mais cela ne veut pas dire que l'on ne prend pas de risques », explique Myriam Beque. « Il faut que l'on arrête de dire que les start-ups n'arrivent pas à se financer, ceux qui sont de vrais entrepreneurs avec de vrais projets arrivent à se faire financer. Le métier de la banque c'est avant tout du conseil et c'est là où on se différencie d'un capital amorçage ou d'un business angel. On doit être capable de dire pourquoi on n'a pas été capable d'apporter un financement ».