Ensemble, on est plus fort. Les États doivent redoubler d’efforts pour rester compétitifs et tenir tête aux géants IT étrangers avec des solutions dites "souveraines". En se rassemblant sous le drapeau européen, chacun d’entre eux espère bien arriver à ses fins et porter ses champions technologiques. Récemment, l’UE a annoncé un programme baptisé EIC Scale Up 100. Cette action vise à aider 100 entreprises du portefeuille des bénéficiaires du Conseil européen de l'innovation et d'autres programmes nationaux à devenir des structures d'envergure internationale. Ce sont les États membres ainsi que les pays associés à Horizon Europe (« programme-cadre » de recherche et d'innovation de l'Union européenne qui succède au programme Horizon 2020) qui pourront désigner ces entreprises. L’objectif : faire progresser leurs stratégies, atteindre des investisseurs et des partenaires stratégiques et développer leurs activités à l'échelle internationale.

Aujourd’hui, le vieux continent revient à la charge avec un objectif ambitieux pour 2024 : créer une plateforme appelée Technologies stratégiques pour l'Europe (STEP), capable de générer 160 milliards d’euros d'investissements. Elle soutiendra « la compétitivité de l'industrie de l'UE par des investissements dans les technologies critiques », comme annoncé par la présidente Ursula von der Leyen dans son discours sur l'état de l'Union de septembre 2022. STEP s'appuiera sur des programmes existants : InvestEU, Fonds pour l'innovation, Horizon Europe, Fonds européen de la défense, facilité pour la reprise et la résilience, L'UE pour la santé, Europe numérique et fonds de cohésion.

10 milliards d’euros supplémentaires alloués

En parallèle, la Commission européenne indique qu’une structure sera mise en place pour orienter les financements existants vers des projets STEP et accélérer la mise en œuvre dans des domaines considérés comme essentiels pour le leadership de l'Europe. Sont notamment considérés comme cruciaux les des domaines du stockage de l'énergie, du quantique, des semi-conducteurs et de la sécurité alimentaire. Pour soutenir ce mouvement et stimuler les investissements dans la mise au point et la production de technologies numériques critiques, de deep tech, de technologies propres et de biotechnologies, la Commission propose en outre d'allouer 10 milliards d’euros supplémentaires à des programmes ciblés. Les fonds seront répartis de la façon suivante : 3 milliards d’euros pour InvestEU, 500 millions d’euros pour Horizon Europe, 5 milliards d’euros pour le Fonds pour l'innovation et 1,5 milliard d’euros pour le Fonds européen de la défense. In fine, la Commission européenne estime que ces compléments pourraient générer environ 160 milliards d’euros d'investissements par les entreprises européennes dans des projets en faveur de la souveraineté européenne.

Enfin, la Commission propose de créer un « guichet unique » et un portail web consacré à la souveraineté afin d'aider les promoteurs de projets et les pays de l'UE à réaliser des investissements « STEP » avec le soutien des différents fonds de l'UE. La suite du calendrier consistera à présenter au Parlement européen et aux États membres de l'UE au sein du Conseil cette proposition de modification du budget ainsi que d’autres faites sur des thématiques touchant à d’autres défis (soutien à l’Ukraine, migrations, hausse des coûts). « La Commission compte sur la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne pour faire avancer les travaux au sein du Conseil et parvenir rapidement à un accord immédiatement après l'été » est-il précisé dans un communiqué de la Commission européenne. « Les négociations, y compris l'approbation du Parlement, doivent être conclues avant la fin de l'année, étant donné que des contraintes budgétaires urgentes se manifesteront dès 2024 ».