Les représentants du personnel de CSIF (Carrefour Systèmes d'Information France) ont déclenché une procédure de droit d'alerte au Comité d'Entreprise (CE). Un référé a ainsi été intenté pour obtenir la communication au cabinet d'expertise comptable mandaté par le CE d'informations relatives aux économies attendues des réorganisations en cours, en particulier l'externalisation partielle des activités de l'entreprise au profit probable de HP et Capgemini. Le jugement devrait avoir lieu le 30 décembre 2004.

"La direction fait preuve d'une opacité totale" souligne Bruno Moutry, délégué CFDT et secrétaire du CE de CSIF. Malgré nos nombreuses sollicitations, la direction de Carrefour n'a d'ailleurs pas souhaité répondre à nos questions.
Depuis octobre 2003, les réorganisations subies par les 600 salariés et 250 prestataires de la filiale informatique du Groupe Carrefour ont pourtant déjà été nombreuses.
L'ouverture du nouveau centre informatique de Massy a ainsi entraîné la fermeture de l'établissement de Chambourcy et un transfert partiel des activités de celui d'Evry, destiné sans aucun doute à fermer. De plus, une partie des activités du centre de Mâcon a été transférée à Lyon. Outre le centre de Mâcon (quelques datacenters), les établissements secondaires de Levallois (administration, assistance aux utilisateurs - 15 personnes) et de Mondeville (exploitation, assistance aux utilisateurs et développement - 30 personnes - ancien siège du groupe Promodès) sont particulièrement menacés et les personnels concernés sont donc dans l'expectative.

De sources internes, le centre de Mâcon serait destiné à fermer, les datacenters devant être externalisés chez Capgemini sans aucun transfert de personnel. Le pilotage des datacenters devrait en effet être maintenu au sein de CSIF mais à distance à partir d'un autre centre informatique où seraient transférés les salariés qui accepteraient ce déménagement. Le contrat devrait être signé en début 2005 avec transfert effectif des machines au milieu de l'année.

Selon un calendrier assez proche, l'assistance aux utilisateurs devrait être confiée à HP. Celui-ci reprendrait environ 75 salariés de CSIF de Lyon, Mâcon, Levallois et Mondeville. Mais ce transfert se ferait sans aucune garantie de préservation des emplois. L'idée est donc clairement d'inciter un maximum de salariés au départ plus ou moins volontaire. "Les mesures d'accompagnement sont au minimum possible, environ 10 % en dessous de ce qui avait été proposé lors de l'ouverture du centre de Massy" indique un salarié de CSIF.
Les contrats avec Capgemini et HP n'étant pas signés, rien n'est certain à ce jour. "Mais ce sont les seuls à être venus travailler sur site et à avoir réalisé des études précises, selon une source interne.

Un délégué du personnel s'inquiète : "CSIF a une politique d'externalisation à tout va. Et nous n'avons aucune visibilité, aucun projet à moyen terme. Par exemple, nous ignorons l'effet sur l'emploi du prochain remplacement de SAP par PeopleSoft, le 1er janvier. De plus, des projets comme la dématérialisation des factures, avec B-Process, ne peuvent qu'impliquer des suppressions de postes, notamment dans les services comptables".