A partir du 1er janvier 2005, les quelques 7 000 sociétés européennes cotées en bourse seront tenues de présenter leurs comptes selon les normes IAS (International Accounting Standards) et IFRS (International Financial Reporting Standards). L'application de ces normes, qui ne remplacent pas les modalités nationales mais s'y ajoutent, impose un véritable changement culturel, transverse, ayant des impacts évidents sur les systèmes d'information, de reporting et de communication. Une mutation majeure qui devrait s'étendre à l'ensemble des entreprises d'ici à 2010. Dès janvier 2003, soit six mois après la décision de l'Union européenne, certains cabinets, tel MRI Worldwide, ont lancé la chasse aux profils aptes à guider la migration aux normes IAS. Les responsables de ce type de projet, qui combine stratégie, familiarité avec le monde des normes, expérience de gestion de projet sur un logiciel de consolidation, se trouvent plutôt dans le camp des gestionnaires. Depuis janvier également, autour d'Infocert, organisme de certification, un groupe de travail (nom de code GT7) d'experts-comptables, de directeurs financiers et de représentants d'éditeurs de logiciels, a planché sur un référentiel qui spécifie l'impact de ces normes sur les logiciels. Ce qui, sans forcément susciter de l'embauche chez les éditeurs, a eu le mérite de mobiliser sur un créneau demandeur. Approuvé et présenté officiellement le 9 septembre, ce document de synthèse donne lieu à un label "NF-Normes comptables Internationales". C'est ainsi que l'éditeur Qualiac, entré au plus tôt dans la course, peut afficher, dès novembre 2003, ce label de conformité pour son progiciel de gestion intégré, et du même coup, garantir la pérennité de son progiciel. La mobilisation s'est manifestée, de même, du côté des SSII, telle LogicaCMG qui, dès juillet 2002, s'est dotée d'une cellule d'expertise chargée de packager, sur la base de Oracle e-Business Suite, une solution "ventes-achats-finances" conforme IAS. Le groupe, qui fait état d'un effectif de 21000 collaborateurs dans 34 pays, dont 3500 dédiés au secteur financier, communique aujourd'hui autour de la palette de prestations dédiées IAS, allant du conseil (scénario de migration, pilotage) jusqu'à l'homologation (assistée d'un outil de test), en passant par les missions d'organisation et de maîtrise d'oeuvre informatique (analyse, conception, implémentation, interfaçage, etc). En avril 2003, conscients de l'impréparation latente des entreprises à cette bascule, l'Essec et PriceWaterHouseCoopers ont proposé un programme de formation continue (séminaires intensifs, suivi en e-formation, soutenance de projet) débouchant sur un Certificat IFRS. A la même époque, In Extenso (filiale de Deloitte & Touche), 3ème cabinet d'expertise comptable en France avec 1300 collaborateurs, annonçait une ambitieuse campagne de recrutement de 1000 personnes, jusqu'en 2005. Postes purement comptables (de bac+2, pour moitié, à bac+8), dont certains visant à accompagner les entreprises dans la mutation IAS. Enfin, des cabinets de conseil, tel Sterwen créé par des anciens d'Ernst & Young (23 consultants en juin 2003), qui cultivent l'expertise en gestion des risques dans les secteurs banques-finances, ont non seulement renforcé leurs équipes en consultants expérimentés, mais aussi resserré les relations de type partenarial (avec, par exemple, Axa Tech, la SSIII interne d'Axa) que suppose l'accompagnement de tels projets.