Alors que les entreprises déploient des applications d'IA, les responsables informatiques devront s'attacher à l'accompagnement des employés, sous peine de voir ces investissements ne pas répondre aux attentes de l'entreprise. En effet, selon une récente enquête menée par l'intégrateur de solutions informatiques Insight, les employés ont des sentiments très partagés quant à l'arrivée de l'IA sur le lieu de travail, même si de nombreuses entreprises adoptent déjà l'IA ou l'expérimentent, et que les smartphones prêts pour l'IA commencent à arriver sur le marché.
La bonne nouvelle pour les entreprises qui déploient l'IA : 41 % des employés indiquent être curieux de la technologie, 31 % se disant même enthousiastes et 31 % pleins d'espoir, selon l'enquête. Mais 35 % d'entre eux déclarent également être prudents face à l'IA, 26 % sceptiques et 25 % n'avoir pas de certitude face à la technologie. Près de trois quarts des salariés interrogés pensent que les dispositifs d'IA les rendront plus productifs. Mais 45 % d'entre eux craignent que l'IA rende leur travail moins pertinent pour leur employeur, 43 % allant jusqu'à redouter de perdre leur emploi à cause de l'IA.
Les employés qui craignent de perdre leur emploi devraient trouver du réconfort dans le rapport 2024 Stanford AI Index, qui révèle que si l'IA gagne en capacité, elle ne peut pas égaler les humains dans de nombreuses fonctions cognitives complexes, note Daniel Barchi, CIO de CommonSpirit Health, un fournisseur de soins de santé. « Cela confirme l'adage, vieux de près de 10 ans, selon lequel l'IA ne remplacera pas les employés, mais les employés qui utilisent l'IA remplaceront les employés qui n'utilisent pas l'IA », ajoute-t-il.
Notons tout de même qu'un article du New York Times, paru au début du mois, montre que les banques et les sociétés d'investissement étudient le remplacement des postes d'analystes financiers débutants par l'IA.
Le DSI champion et coach de l'IA
Selon Arun Chandrasekaran, analyste au Gartner spécialisé dans les technologies émergentes, les préoccupations exprimées par les employés dans le cadre de l'enquête suggèrent que les DSI doivent se muer en défenseurs de l'IA au sein de leur organisation. Les DSI doivent être des « agents du changement » qui « embrassent l'art du possible », dit-il. « Ils doivent avoir une culture de l'expérimentation. »
Daniel Barchi partage cet avis et ajoute qu'une partie du rôle du DSI consiste à démystifier l'IA, à montrer en quoi elle sera utile et à expliquer comment l'organisation peut l'adopter en toute sécurité et de manière appropriée. « Les DSI sont d'abord des dirigeants d'entreprise et des agents du changement, et ensuite seulement des technologues, dit-il. Notre responsabilité en tant que DSI est de financer et d'encourager le développement et la mise en oeuvre d'outils d'IA sur notre lieu de travail, en toute sécurité pour l'organisation. »
Mais les responsables informatiques ont également un rôle essentiel à jouer, une fois effectué le déploiement d'outils et d'appareils alimentés par l'IA, selon l'enquête d'Insight. Un peu moins de la moitié des personnes interrogées disent souhaiter que leur employeur propose une formation sur ces dispositifs alimentés par l'IA, et 46 % réclament des lignes directrices et des politiques encadrant les usages.
Anticiper les questions éthiques
Arun Chandrasekaran recommande aux DSI de collaborer avec le service des ressources humaines de leur entreprise pour proposer une formation adaptée. Pour Sam Ferrise, directeur technique de Trinetix, une société de conseil en technologie, la formation des employés à l'IA s'avère essentielle. Les DSI et CTO doivent également définir les règles du jeu pour l'utilisation de l'IA, gérer ou atténuer les risques potentiels et anticiper les questions éthiques que pourraient soulever ces outils. « L'intégration de l'IA sur le lieu de travail nécessite une approche souple, en particulier pour aligner les avancées technologiques sur le bien-être et le développement de nos employés », ajoute-t-il.
Quand on les interroge sur leurs préoccupations vis-à-vis de l'IA, plus de la moitié des employés interrogés citent les atteintes potentielles à la sécurité. Près de la moitié soulèvent des questions de confidentialité ou d'éthique, et quatre sur dix disent craindre que leur employeur ne surveille ce qu'ils font lorsqu'ils utilisent les terminaux enrichis à l'IA fournis par l'entreprise.
Garder l'option du refus
Les salariés craignent également que leur employeur ne les oblige à utiliser des appareils de ce type. Un tiers des personnes interrogées souhaitent avoir la possibilité de choisir des smartphones ne comportant pas ce type de fonctionnalités lorsque leur employeur leur propose un équipement.
Cette question sur les terminaux dotés d'IA est opportune. Les smartphones compatibles avec l'IA, c'est-à-dire ceux renfermant des puces suffisamment puissantes pour exécuter des applications de cette nature, arrivent déjà sur le marché. Gartner, dans ses prévisions de dépenses informatiques publiées en avril, prédit que 22 % de tous les smartphones livrés cette année seront dotés d'une fonction d'IA, et que ce chiffre passera à 32 % en 2025 puis à 56 % en 2026.
Les mêmes prévisions de Gartner, basées sur les résultats d'une enquête réalisée à la fin de l'année 2023, ont révélé que 55 % des entreprises prévoient de déployer des outils d'IA ou d'apprentissage automatique d'ici la fin de l'année. Un objectif jugé ambitieux pour la plupart des entreprises, selon John-David Lovelock, analyste au Gartner.
De l'engouement au désenchantement ?
Les résultats de l'enquête, qui montrent à la fois l'enthousiasme et l'inquiétude des employés à l'égard de l'IA, semblent refléter les attitudes à l'égard des nouvelles technologies qui remontent à de nombreuses années, explique Rob Green, directeur des technologies numériques chez Insight, la société qui a publié l'enquête. La bulle Internet, par exemple, est passée de l'engouement au désenchantement, après l'éclatement de la bulle, puis à une phase où la viabilité des modèles commerciaux en ligne a été établie, note-t-il.
« Chacun de ces nouveaux cycles s'accompagne à la fois d'enthousiasme et d'appréhension, explique-t-il. « Avec l'IA générative, l'enthousiasme est plus grand. Ce qu'il nous faut exploiter pour stimuler la productivité ».
Comment le DSI vend l'IA aux employés
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Les collaborateurs expriment leur intérêt pour l'IA, mais s'inquiètent de l'impact sur leur travail et souhaitent être mieux formés et guidés dans l'utilisation de la technologie.
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