Les évolutions du marché de la cyber-assurance préoccupent l'Amrae (Association pour le Management des Risques et des Assurances de l'Entreprise) depuis maintenant plusieurs années. L'association professionnelle des gestionnaires de risques diffuse la 3ème édition de son étude Lu'Cy (Lumières sur la cyber-assurance). Force est de constater que les tendances demeurent préoccupantes tant les primes augmentent et les couvertures baissent. « 4,4 % des groupes [grandes entreprises] précédemment assurés ont préféré trouver d'autres solutions de couverture du risque cyber » regrette ainsi Philippe Cotelle, administrateur de l'Amrae et président de sa commission Cyber, vice-président de Ferma et Risk Manager d'Airbus Defence & Space, qui a piloté l'étude. A l'inverse, les ETI voient leur taux de couverture augmenter de 20,2 % mais celui-ci reste très faible avec 9 %. TPE et PME connaissent des chutes de taux de couverture (respectivement : -11 % et -21,8%) mais demeurent au taux de couverture très faible de 0,2 %. Ce taux de couverture est commun avec les micro-entreprises qui, elles, connaissent une croissance de 32,6 %. La sinistralité, elle, augmente avec la taille de l'entreprise.

Cependant, 82 % du marché concernent à ce jour les grandes entreprises, 13 % des ETI, PME et TPE se partageant les 5 % restant. Le principal sujet de préoccupation est bien sûr constitué par le paradoxe de la forte croissance du volume de primes versées par l'ensemble des entreprises (+44,4 %) alors que les capacités souscrites (couverture du risque) ont baissé de 32 %. La franchise moyenne inscrite dans les contrats, montant qui ne sera jamais indemnisé quel que soit le coût du cyber-sinistre, atteint le niveau faramineux de quatre millions d'euros ! Alors que la cyber-assurance avait cessé d'être un créneau rentable pour les assureurs il y a quelques années, son taux d'indemnisations sur souscriptions est désormais de 88 % (contre 190 % en 2020 à cause d'une forte sinistralité) mais ce chiffre global dissimule une disparité colossale selon la catégorie de taille des entreprises (grandes entreprises : 58 %; ETI : 261 %; PME/TPE : 325%). Le marché devrait donc encore connaître des ajustements alors même que les mesures prises par les assureurs pour rétablir leur rentabilité ont amené la situation préoccupante d'aujourd'hui.

L'étude a été réalisée par l'Amrae à partir d'une enquête menée en février-mars 2022 auprès de sept courtiers spécialistes du risque d'entreprise (AON, Diot-Siaci, Filhet Allard, Marsh, Verlingue, Verspieren, WTW) ainsi que Planète CSCA (le syndicat des courtiers d'assurance) et la mutuelle SMA, ces deux derniers permettant d'avoir une meilleure vision du marché des petites et moyennes entreprises. Elle tient compte de 2 028 polices d'assurance et 518 sinistres indemnisés en mode anonymisé.