En 1960, J.C.R. Licklider, informaticien américain, avait publié un document intitulé « Man-Computer Symbiosis » dans lequel il avait imaginé, bien avant sa naissance, l'informatique graphique. Cette semaine, lors d'une conférence du MIT sur les technologies émergentes, un autre scientifique a suggéré qu'il arriverait bientôt un moment où les utilisateurs n'auraient plus à  toucher un clavier et à une souris, ou même à parler pour    exécuter une application informatique.

Pour Gerwin Schalk, chercheur au Wadsworth Center, un laboratoire de santé public géré par le gouvernement de l'état de New York, une personne pourra penser une commande pour que l'ordinateur réagisse.  « Ceci n'est pas la science-fiction, », a déclaré  Gerwin Schalk. « Il s'agit bien d'une réalité émergente. » Le scientifique a ajouté que l'interaction homme machine était une connexion lente. D'après lui, les humains sont obligés de traduire ce qu'ils pensent en commandes numériques. Le processus crée alors des goulets d'étranglement en entrée/sortie, et ce, dès le début. »

Les neurotechnologies, qui représentent un marché de145 milliards de dollars, en croissance  de 9% par an, ont déjà franchi des étapes clés dans la symbiose entre l'homme et les ordinateurs.

Jouer aux jeux vidéos par la pensée

Gerwin Schalk a poursuivi en indiquant que des chercheurs utilisaient des ondes alpha du cerveau - des oscillations neuronales dans la gamme de fréquences de 8 et 12 Hz - pour créer des représentations syntaxiques riches. Celle-ci peuvent être utilisées pour communiquer directement avec les ordinateurs. Il a présenté aux participants une vidéo montrant comment des sujets étaient en mesure de contrôler les jeux d'ordinateur grâce à l'utilisation d'électrodes fixées à la surface de leur cerveau. Ces personnes était déjà connectées pour le traitement de maladies comme l'épilepsie.

Dans la vidéo, l'on pouvait également voir quelqu'un utiliser ses pensées pour tirer sur les monstres du jeu vidéo Doom. Il s'appuyait bien sur une manette pour déplacer le pistolet en avant et en arrière, mais ses pensées étaient utilisées pour pouvoir tirer avec précision. Gerwin Schalk a aussi montré comment un ordinateur pouvait faire la différence entre quelqu'un qui pensait  les sons «Ah» ou «Ooh». Une autre partie de la vidéo montrait un ordinateur détectant le niveau sonore de la musique écoutée par une personne en le traçant en temps réel. Le chercheur a montré comment un algorithme informatique pouvait suivre le volume de la musique écoutée par une personne via ses ondes cérébrales

L'ingénierie citée comme principal obstacle

Enfin, la vidéo montrait comment des scientifiques pouvaient suivre, en temps réel, quelle partie du cerveau réagissait aux mouvements physiques, comme tirer la langue  ou essayer de résoudre l'énigme du Rubik Cube. Pour le chercheur, une telle technologie pourrait permettre aux utilisateurs de commander un PC sans le toucher.

« Les principaux obstacles pour faire du temps réel et des PC contrôlés par la  pensée sont essentiellement des questions d'ingénierie », considère Gerwin Schalk. « Les scientifiques ont besoin de créer de meilleurs capteurs pour détecter les ondes alpha et trouver d'autres moyens pour identifier les signaux du cerveau (à savoir le langage).  Selon lui, au final, cela risque de prendre du temps et de coûter de l'argent.  Reste qu'il a conclu son intervention en affirmant que l'interaction directe de l'ordinateur avec le cerveau avait le potentiel de devenir une technologie prometteuse, à la même échelle que l'informatique et le téléphone.

Illustration: Crédit photo: D.R