« Le cloud public avec ses structures très industrialisées, c’est bien pour faire du test, mais la réalité opérationnelle, c’est que les clients veulent un environnement dédié dans le cloud », a exposé hier matin Anthony Cirot, directeur Cloud d’IBM France, lors d’un point presse à Paris. De fait, 60 à 70% des projets cloud qui arrivent chez IBM portent sur le cloud hybride, des projets sur lesquels le fournisseur se préoccupe tout particulièrement de la mise en production (tests de non régression, remontées du PaaS sur console, SLA, etc.), insiste le responsable cloud. « Nous travaillons aussi beaucoup à simplifier le legacy de nos clients et le cloud hybride, c’est également la transformation de cet existant sous la forme de micro-services », poursuit-il en pointant deux axes clés : d’une part DevOps pour publier des applications en 5 semaines au lieu de 5 mois, et d’autre part les API, avec la solution API Connect qui permet de les créer, de les gérer (avec allocations des ressources) et de les sécuriser.

« On voit beaucoup de rush vers le IaaS avec une course à la VM la moins chère et on sait jouer dans cette catégorie, mais on y voit peu de valeur pour nos clients », considère Anthony Cirot en braquant plutôt l’attention sur le studio de Design Thinking ouvert aux clients d’IBM France pour réfléchir aux applications qui réinventeront leurs business models. Ce studio est « l’un des quatre plus gros » pour le fournisseur qui compte 10 000 designers au niveau mondial. « En un sprint d’une semaine, on corrige une application, en trois ou quatre itérations, on a l’application finale que l’on fait tourner sur nos infrastructures cloud ». Avec l’impératif de mettre « l’usage » au premier plan dans la création des applications.

Un projet blockchain avec Crédit Mutuel Arkéa

Sur le PaaS Bluemix, plateforme cloud de développement d’IBM, à côté des outils DevOps, les technologies cognitives de Watson exposent une large panoplie d’API à activer pour les développeurs. C’est un domaine (apprentissage machine, deep learning) sur lequel IBM rencontre maintenant la concurrence d'autres fournisseurs qui musclent leurs catalogues d'API de machine learning (Google, HPE/MicroFocus ou Microsoft, notamment). Le PaaS héberge aussi des services autour de l’Internet des objets, les API météo du système big data racheté à The Weather Company ou encore un service pour tester la blockchain.

Anthony Cirot cite à ce sujet le prototype opérationnel réalisé avec Crédit Mutuel Arkéa. Ce projet pilote utilise la technologie blockchain pour vérifier l’identité de ses clients dans le cadre du processus « Know your customer » (KYC). Le service, hébergé sur Bluemix, s’appuie sur un réseau blockchain privé qui fournit la vue de l’identité du client requis par KYC. C’est l’un des projets qui sont passés par la case Design Thinking chez IBM. « Nous voyons aussi beaucoup de projets big data sur le cloud », constate par ailleurs Anthony Cirot. « Mettre les capacités des entreprises sur des grandes infrastructures big data, c’est démodé », assure-t-il. Avec l’une ou l’autre des plateformes proposées, celle d’IBM, BigInsights, ou celle de Cloudera, « nous créons les data lakes des clients sur le cloud » et le client paye à la consommation.

Peugeot-Citroën s'appuie sur Bluemix pour attirer les développeurs

Derrière IBM France, des partenaires investissent sur Bluemix, à l’instar de Sopra Steria qui a jusqu’à présent formé une centaines de collaborateurs sur le PaaS et capitalise maintenant sur la connaissance de plus d’une soixantaine de services. « Nous sommes l’une des ESN mondiales agréée Watson », a indiqué hier Vincent Raffara, directeur adjoint de la direction des Grands Comptes et des partenaires chez Sopra Steria.

Parmi les utilisateurs de Bluemix, IBM a fait intervenir à ses côtés PSA qui s'ouvre à co-innovation sur sa division Services mobiles et connectés. Le constructeur automobile vient de lancer le programme « PSA Group for Developers » pour recueillir d'ici la fin de l'année des idées d’applications sur un thème imposé : « Santé et bien-être pour la voiture connectée ». La plateforme ouverte le 14 septembre donne accès à l'API Rest de PSA et propose aux développeurs de s'appuyer sur le PaaS d'IBM pour bâtir leurs projets. Une collaboration entre IBM et PSA avait déjà été annoncé l'an dernier dans le domaine des big data et de l'IoT. Elle s'inscrit dans un partenariat de longue haleine, qui court sur 7 ans, et porte sur l’analyse de données en temps réel pour apporter des services aux automobilistes dans les villes connectées.