Ils ont moins de 12 ans, ils sont les enfants d'un autre millénaire. Parce qu'ils sont les premiers à grandir avec Internet, ils font l'objet de toutes les peurs. Dans une société qui s'oriente vers le tout-numérique, ces craintes sont-elles fondées ? Sur le Web, les enfants sont la cible commerciale par excellence. Pour preuve : les seules statistiques récentes sont celles d'une étude réalisée par Aegis Media pour Isobar, spécialiste du marketing numérique. Entre 2004 et 2006, le taux de pénétration d'Internet chez les 2-11 ans a augmenté de 62 %. Aujourd'hui en France, 50 % des 8-11 ans sont internautes et, dès 8 ans, un enfant sur quatre se connecte seul. Seuls, une aubaine pour les annonceurs qui savent que sur la Toile, il est plus facile d'attraper les petits. Jeux - l'"advergame" -, création de chaînes mails - le marketing viral - ou présentation éducative d'un produit - l'"advertation" -, tous les moyens sont bons. Et Rémi T., 11 ans, dont le pseudo MSN "trop bien j v peut être avoir une mini moto 29 $. 12 $, mon portable est trop bo" en dit long, s'est laissé prendre par l'e-consommation. "C'est moi qui aiconvaincu maman d'aller voir sur eBay", reconnaît-il. Une proie facile dont les parents ne se méfient pas forcément. Car, selon les témoignages recueillis, la préoccupation des adultes est avant tout sécuritaire. Mauvaises rencontres, sites violents ou pornographiques, 78 % des parents sont inquiets des sites que leurs bambins pourraient consulter. La sécurité est partout. En août, ne voyait-on pas sur les murs ces affiches de l'ONG Action Innocence portant le slogan : "Un pseudo peut cacher n'importe qui, soyez vigilants sur Internet" ? Mais si ces peurs sont légitimes, elles restent banales et ne sont que la transposition, sur le Web, des angoisses classiques. Les enfants semblent d'ailleurs les avoir parfaitement intégrées. Ainsi Thomas B., 9 ans, d'expliquer : "Je vais sur Internet seulement s'il y a quelqu'un dans le salon parce que j'ai peur de tomber sur une image de sexe." Il a donc bien compris, Thomas, ce que sa maîtresse lui a appris et se méfie de la pornographie mais pas d'Astérix, son idole qui lui propose des animations et des produits dérivés sur son site officiel. Enseignement encore insuffisant Pour ce qui est de la prévention, l'école et les campagnes du gouvernement font ce qu'il faut. Et si pour protéger les enfants, on ne lésine pas sur les moyens, il reste en revanche du travail à faire côté enseignement. Le Brevet informatique et Internet (B2i) a bien été mis en place pour s'assurer que chaque élève de CM2 possède un minimum de compétences : ouvrir un dossier, copier-coller, faire une recherche, écrire un texte. Un minimum, donc, car les nouvelles technologies restent la portion congrue des salles de classe. Dans son école de Grasse (Alpes-Maritimes), Stephan Scarsi, un instituteur de CM1-CM2, ne dispose que d'une heure par semaine pour utiliser par demi-groupe les sept micros portables de l'établissement. Un temps et des moyens insuffisants pour dépasser les enseignements techniques de base. Et même si pour lui la priorité reste le duo français-maths, "on ne peut pas faire l'impasse sur l'ordinateur". Ce manque de moyens et le manque de formation des enseignants pourraient avoir de graves conséquences. Une enquête réalisée en Europe par Mediappro entre janvier 2005 et juin 2006 pointe justement l'incapacité de l'école à éduquer les enfants, à développer leur esprit critique par rapport à Internet. Selon ce rapport, les collégiens "n'ont pas d'idée claire sur l'impact sociétal" des évolutions technologiques. Malgré ses lacunes, l'école permet cependant à ceux qui ne possèdent pas d'ordinateur de se familiariser avec. La fracture numérique, si elle n'était pas résorbée, pourrait devenir un véritable sujet d'inquiétude. En France, le taux de pénétration du haut-débit n'est que de 15 % selon la Commission européenne. Raison pour laquelle le gouvernement proposera, à partir du premier trimestre 2007, aux foyers les plus modestes de payer 1 euro par jour pendant trois ans pour un micro-ordinateur, une connexion haut débit et une formation à domicile. A l'échelle de la planète, le projet One Laptop per Child porte l'espoir d'équiper chaque enfant d'un PC à bas prix (entre 100 et 140 dollars). Une preuve que le numérique est devenu synonyme de développement... Encadré: Quel FAI pour protéger mes enfants ? Certains fournisseurs d'accès à Internet proposent gratuitement des logiciels de contrôle parental. L'association e-enfance a réalisé une étude* sur le sujet, voici ses conclusions. A choisir : les logiciels d'AOL et d'Orange ont prouvé leur efficacité. La liste noire d'AOL se montre imparable pour bloquer des catégories de sites à contenus violents ou sexuels. La liste blanche qui permet de sélectionner une série de sites pour les plus petits est en revanche meilleure chez Orange. A éviter : Eyekidz et Freego chez Free obtiennent les pires mentions. Le premier est incompatible avec Internet Explorer et Firefox et le second est clairement inutilisable. Le logiciel de Noos est quant à lui peu efficace et ne propose pas de liste blanche. Enfin, rien ne sert de payer pour protéger : l'étude montre que les logiciels payants de Tele2, Cegetel et Neuf sont très faibles.  L'intégralité de l'étude sur : www.e-enfance.org Entre les mains des enfants Les choix de la rédaction - Beeboo est un lecteur MP3 avec des haut-parleurs intégrés et doté d'une mémoire de 256 Mo. Son ergonomie, en forme de frisbee, et ses touches larges s'adaptent bien aux petites mains (60 € sur gweilokid.com). - Les CD-Rom éducatifs Lapin Malin reviennent sur les matières étudiées à l'école mais offrent aussi une initiation à l'anglais et un atelier de création numérique (30 € en grandes surfaces). - Le clavier des bébés transforme le clavier classique en véritable tapis d'éveil et permet aux plus petits de découvrir l'ordinateur en douceur (clavier Berchet, 50 € sur Internet