Le Jardin des Tuileries à Paris accueille pendant deux jours le Forum eG8 et la plupart des acteurs de l'Internet sur le plan mondial (Mark Zuckerberg de Facebook, Eric Schmidt de Google, etc.). Au menu, des débats entre spécialistes et, cerise sur le gâteau, une délégation de ce forum sera entendue par les chefs d'Etat lors de la réunion du G8 à Deauville le 26 et 27 mai prochain. Le eG8 a été inauguré par Nicolas Sarkozy qui, pour l'occasion, a prononcé un discours et s'est même prêté au jeu des questions réponses.

Toute la première partie de son discours a été orientée vers la reconnaissance de la puissance « inédite » des acteurs de l'Internet. Les qualifiant à la fois d'artisans de la 3ème mondialisation, les plaçant au niveau de Newton, Galilée, Copernic et Edison comme vecteurs de la révolution, le chef de l'Etat a été laudatif sur la réussite des entrepreneurs du Net en demandant aux administrations publiques de s'en inspirer. Il admet aussi leur influence économique ce qui leur vaut l'oreille attentive des puissants de ce monde.

De l'Internet civilisé à l'Internet responsable


Si le Président de la République a pris garde de flatter suffisamment son auditoire choisi pour leur imposer dans sa deuxième partie de discours la notion de responsabilité. « Si la technologie est neutre et doit le rester, on voit bien que les usages d'internet ne le sont pas », précise Nicolas Sarkozy et d'ajouter que « penser l'Internet relève d'une responsabilité historique, qui doit être partagée entre les acteurs de l'Internet et nous, les chefs d'État ». La régulation de l'Internet, car si le mot n'est pas prononcé il est pourtant dans toutes les pensées, doit permettre d'édicter « des valeurs minimums, des règles minimums ». Il cite plusieurs axes de collaboration : « Ne laissez pas la technologie que vous avez forgée porter atteinte aux droits élémentaires des enfants... Ne laissez pas la révolution que vous avez lancée devenir un instrument aux mains de ceux qui veulent porter atteinte à notre sécurité et donc à notre intégrité ».

Il a terminé son discours par ces propos « Je pense qu'on a beaucoup à faire ensemble. Nous avons besoin d'entendre vos aspirations et vos besoins. Et vous avez besoin d'entendre nos limites et nos lignes rouges. » Certains craignent déjà un verrouillage supplémentaire de l'Internet en mettant en avant plusieurs initiatives : Hadopi, la LOPPSI 1 et 2, la suppression du Forum des droits de l'Internet,  la récente volonté de l'Union européenne de filtrer le Net, les discussions sur l'ACTA (Anti-Counterfeiting Trade Agreement) dans le cadre de l'OMC...