Pascal Boisson, consultant formateur pour Demos, fait le point sur les principes à appliquer pour tirer parti des périodes de professionnalisation, l'un des dispositifs de la réforme de la formation professionnelle. Lemondeinformatique.fr : Quelles recommandations faites-vous aux entreprises pour s'approprier les périodes de professionnalisation ? Pascal Boisson : La période de professionnalisation doit être, comme les autres dispositifs de formation, un élément qui soit intégré et mis au service d'une politique globale de formation et de ressources humaines. Si ce n'est pas le cas, sa mise en ?uvre risque d'être ponctuelle et finalement conduire à ce qu'il soit peu utilisé. Pour qu'il ait une valeur ajoutée, les entreprises doivent aussi bien comprendre l'esprit du dispositif et se l'approprier. Il s'agit d'avoir la volonté de fidéliser ses collaborateurs, d'accompagner les plus fragilisés, et globalement l'évolution professionnelle des salariés, au regard des changements et des évolutions technologiques. L'enjeu est de savoir quelle place veut-on accorder à la formation, en lien avec la stratégie de l'entreprise ? C'est à partir des axes de formation définis par les employeurs et les actions à l'initiative des salariés que viendront s'intégrer les dispositifs et notamment la période de professionnalisation. La clef d'entrée n'est pas d'aborder le dispositif par lui même mais de partir d'un besoin individuel ou collectif identifié. L'enjeu des périodes de professionnalisation est aussi financier ? Comment profiter de cet avantage ? Effectivement, le principe de mise en oeuvre de la période de professionnalisation relève de l'articulation d'une problématique RH et d'une logique financière. Les entreprises ont compris qu'elles pouvait bénéficier de leurs cotisations de 0,5% de la masse salariale (pour la professionnalisation et du Droit individuel à la formation, NDLR) pour les accompagner financièrement dans le déploiement des périodes. L'optimisation de leurs ressources financières passe par un contact régulier avec leur Opca (organisme paritaire collecteur agréé de la branche professionnelle). Les entreprises doivent comprendre leur mode de fonctionnement, leurs priorités et leurs budgets et travailler en partenariat avec ces acteurs. Ils doivent aller au devant de l'information. Quels risques pose ce dispositif ? Le risque est qu'il ne soit mis en place que dans les grandes entreprises qui ont des organisations très structurées, par l'existence d'une fonction RH et/ou formation. Il implique en effet que les responsables de ces fonctions aient une maîtrise des dispositifs. Ceux-ci doivent être capables d'articuler, au regard des plans de formation annuels, la logique pédagogique et la logique financière, en travaillant en étroite collaboration avec leur opca. Or, est-ce qu'un chef d'entreprise d'une société de 50 à 100 personnes peut le faire et se transformer en expert de la formation ? Il pourrait donc y avoir deux vitesses dans l'adoption des périodes de professionnalisation, ce qui serait contraire à l'esprit de la réforme de formation, y compris dans le fait de profiter de l'enveloppe financière qui lui est dédiée. C'est pourquoi, une forte sensibilisation des Pme doit se poursuivre par un accompagnement .Tous les acteurs de la formation sont concernés pour jouer ce rôle de sensibilisation. Il contribuera à la réussite de la mise en place de cette nouvelle culture formation qui passe par la professionnalisation.