Il y a encore quelques années, les serveurs physiques étaient incontournables et jouaient véritablement le rôle de cœur numérique de tout datacenter. Puis plusieurs changements sont arrivés comme la virtualisation et maintenant le cloud. Aujourd'hui, alors que les entreprises continuent à faire héberger des services toujours plus nombreux chez les fournisseurs de cloud, les serveurs sur site seront bientôt une espèce en voie de disparition. D’autant que le serverless contribue aussi à accélérer la disparition des serveurs on premise. L'idée de transférer la gestion dynamique de l'allocation des ressources des machines et une facturation en fonction de l’usage commence à faire son chemin. Une étude réalisée fin 2019 par l’éditeur américain O'Reilly, spécialisé dans les médias techniques et la formation, a révélé que quatre entreprises sur dix, de secteurs d'activité variés et implantés dans des zones géographiques très différentes, ont déjà adopté des technologies serverless.
Mais, ne nous y trompons pas. Malgré son nom, le serverless repose toujours sur des serveurs. « Le serverless a vraiment besoin de serveurs, à la différence près que le fournisseur de services cloud fournit ces services en fonction de la demande des clients, et les entreprises ne possèdent ni le serveur virtuel, ni le service d'application », a expliqué Joe Wilson, propriétaire de Volare Systems, un développeur de logiciels serverless. Essentiellement, cette fonction consiste à fournir une architecture de déploiement d'applications qui permet aux développeurs d'écrire du code et de l'exécuter à la demande. Il n'est pas seulement une technologie, mais une autre façon de concevoir les processus opérationnels IT fondamentaux. « L’un des avantages majeurs du serverless, c’est qu'il oblige à concevoir les systèmes de manière native dans le cloud », a déclaré pour sa part Brent Austin, architecte principal de la stratégie de plate-forme cloud chez Liberty Mutual Insurance. « Si vous êtes capable de concevoir des applications dans un esprit serverless first, vous avez plus de chances de mettre en œuvre une architecture rentable, évolutive et résiliente, sans être lié par des choix techniques spécifiques à ce système ».
Quels cas d’usage pour l'informatique serverless ?
Le serverless peut être déployée de façon quasi illimitée. « Beaucoup de cas d’usages couvrent des besoins relativement simples, comme des apps de pages Web, désormais couramment codées en mode serveless », a aussi expliqué Miha Kralj, directeur senior de la stratégie, de l'architecture et de la livraison cloud chez Accenture. « Parce que les plateformes serverless se mettent automatiquement à l’échelle en fonction des besoins, elles permettent de développer rapidement des applications simples sans se préoccuper de la complexité de l'infrastructure ».
Ce procédé excelle aussi dans la coordination de différents systèmes applicatifs. « Il est idéal pour détecter un événement et informer une autre application ou un autre système si, par exemple, des changements dans une base de données déclenchent un changement de code ou un audit de sécurité », fait remarquer M. Kralj. « Le serverless peut être un excellent moyen de créer des workflows automatisés de ce type entre les systèmes ». Le serverless peut s’avérer aussi une bonne solution pour ajouter des fonctions à un environnement déjà très structuré. « Si un client a besoin d'ajouter une capacité à une application complexe ou de grande taille, le serverless peut être une option gagnante », a encore déclaré Miha Kralj. Par exemple, au lieu d'ouvrir une grosse application pour y insérer une fonction simple, comme ajouter un enregistrement de client à partir d'une nouvelle source, l’entreprise peut facilement créer une fonction serverless qui prendra en charge la nouvelle entrée et appeler l'API de l'application. « Le serverless permet donc une approche rapide, indolore et fiable », a déclaré M. Kralj.
Des avantages en termes de coûts
Par nature, les architectures serverless sont plus rentables que d’autres. « L'une des principales caractéristiques du serverless, c’est qu'il s'adapte à l'échelle zéro, de sorte que, si l’environnement n'est pas utilisé, il ne coûte rien », a rappelé M. Austin. « Avec la technologie serverless, le client paie à la consommation et non pour la capacité », a expliqué pour sa part Kevin McMahon, directeur exécutif des technologies mobiles et émergentes de l’entreprise de consulting SPR. Celui-ci compare le modèle serverless au covoiturage. « Avant les services de covoiturage, pour se rendre d’un point A à un point B de façon fiable, il fallait de préférence posséder une voiture, payer son assurance et l'entretenir », a-t-il poursuivi. « Avec le covoiturage, il n’est plus nécessaire de se préoccuper du véhicule. On peut simplement payer pour aller du point A au point B à la demande. Pour le serverless, c’est pareil : le client ne paye que pour sa consommation de ressources, mais il ne paye ni pour l'infrastructure, ni pour sa maintenance ».
« Le serverless permet également éviter les coûts liés à la sur-allocation de ressources, puisque les dépenses correspondent à la consommation réelle », fait remarquer Craig Tavares, responsable du cloud chez Aptum, une société de gestion de services IT. De plus, en segmentant les applications en fonctions simples et ciblées, elles peuvent être déployées et distribuées rapidement et à moindre coût au sein du cloud. « La possibilité d’accélérer le cycle de développement accélère aussi le délai de mise sur le marché, ce qui permet aux entreprises de se concentrer sur les améliorations continues et la satisfaction des clients », a ajouté Craig Tavares. « Grâce à cette tarification à l’usage, il n'y a pas de coût de disponibilité », a confirmé Tim Growney, CTO de Medinas, un vendeur d’équipements médicaux d'occasion. « La consommation dépend certainement du cas d’usage, mais je peux vous dire qu’en ce qui nous concerne, nous ne quitterons jamais le niveau gratuit d'AWS, car il nous assure des coûts d'hébergement Web quasi nuls ».
Commentaire