Quelques jours après avoir annoncé le changement nom de sa maison-mère (renommée Meta), Facebook annonce la suppression de son système de reconnaissance faciale ainsi que des modèles de reconnaissance faciale de plus d'un milliard de personnes. Ce changement devrait être opéré dans les semaines à venir « dans le cadre d'un mouvement à l'échelle de l'entreprise visant à limiter l'utilisation de la reconnaissance faciale dans nos produits », détaille Facebook. « Dans le cadre de ce changement, les personnes qui ont opté pour notre paramètre de reconnaissance faciale ne seront plus reconnues automatiquement dans les photos et les vidéos, et nous supprimerons le modèle de reconnaissance faciale utilisé pour les identifier ».

Plus d'un tiers des utilisateurs actifs quotidiens de Facebook avaient opté pour ce paramètre de reconnaissance faciale et pourront être reconnus jusqu’à la suppression des modèles. Cette fonctionnalité était notamment utilisée par les personnes aveugles et malvoyantes. En effet, le texte alternatif automatique (AAT) permet de créer des descriptions d'images pour ces utilisateurs. Après ce changement, « les descriptions AAT ne comprendront plus les noms des personnes reconnues dans les photos, mais fonctionneront normalement par ailleurs ». L'AAT identifie actuellement les personnes dans environ 4 % des photos. Facebook offre par ailleurs aux utilisateurs la possibilité d'être automatiquement avertis lorsqu'ils apparaissent dans des photos ou des vidéos publiées par d'autres personnes, et fournit des recommandations sur les personnes à étiqueter dans les photos. Ces fonctions, alimentées par le même système, ont vocation à disparaître.

Changement de cap pour l’IA chez Facebook

Les cas d’usage de l’intelligence artificielle sont nombreux mais peu encadrés juridiquement. A cet effet, les régulateurs travaillent sur une réglementation commune à ce sujet. Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, a communiqué sur ce point à la mi-octobre. Ayant participé à la construction du projet de règlement européen de l'intelligence artificielle, il précisait que les règles s’appliqueront uniformément dans l’ensemble des 27 Etats membres, et fait surprenant, « devront s’appliquer également aux producteurs hors de l’UE. Car nous devons nous assurer que les systèmes d'IA placés et utilisés sur le marché de l'Union européenne respectent nos droits fondamentaux et sont conformes à nos valeurs et nos règles ». A travers ces règles, le commissaire européen vise Facebook, et plus largement, l’ensemble des GAFAM possédant un monopole de la donnée et de son traitement dans le monde.

A l’avenir, Facebook prévoit de fournir « un outil puissant, par exemple pour les personnes qui ont besoin de vérifier leur identité, ou pour prévenir la fraude et l'usurpation d'identité » basé sur la reconnaissance faciale. Ce revirement de situation concernant l’application de l’intelligence artificielle sur le réseau social Facebook est inattendu. Cette décision soudaine semble en tout cas marquer un changement de la politique de Facebook vis-à-vis de la protection de ses utilisateurs.