Dans un contexte où la souveraineté numérique et la protection des données prennent une importance croissante, plusieurs éditeurs français cherchent à proposer des alternatives locales aux plateformes collaboratives américaines. Parmi eux, Private Discuss, solution développée par le groupe Piman basé à Lyon, mise sur une maîtrise complète de sa technologie pour assurer la confidentialité des échanges et répondre aux exigences des organisations sensibles. « C'est une solution complète de communication et de collaboration, déployable rapidement et adaptée aux organisations manipulant des informations sensibles », déclare Jean-Pierre Lach, fondateur de Private Discuss.
La plateforme cible principalement les acteurs traitant des informations stratégiques, comme les secteurs de la défense, du spatial, de la santé, de la finance ou des institutions publiques. Ses clients l’utilisent pour des usages variés : messagerie et visioconférence sécurisées, collaboration sur projets confidentiels, gestion de crise ou continuité de service. « Certains grands groupes utilisent Private Discuss comme solution de secours en cas d’indisponibilité de leurs outils habituels », précise Jean Pierre Lach. Dans le cadre de cellules de crise ou de comités de direction, la solution offre la possibilité d’assurer une communication chiffrée de bout en bout, de smartphone à smartphone ou de poste à poste, même sur des réseaux isolés.

Private Discuss offre des fonctions de messagerie et de visioconférence sécurisées, de collaboration sur des projets confidentiels, ainsi que de gestion de crise et de continuité de service. (Crédit: Private Discuss)
Conception propriétaire et chiffrement intégré
Face à la concurrence utilisant des briques open source, Private Discuss conçoit et exploite intégralement son code, son chiffrement et ses traitements d’IA. Selon le fondateur, « les 5 millions de lignes de code qui composent la solution ont été développées en interne ». Il ajoute : « Il ne s’agit pas d’un rejet de l’open source, mais d’une nécessité de maîtriser intégralement l’environnement technologique. » Cette approche garanti à Private Discuss de revendiquer près de la moitié de son chiffre d’affaires à l’international tout en se positionnant comme une alternative européenne aux plateformes américaines telles que Microsoft Teams, Zoom ou Webex. « Notre modèle 100 % propriétaire nous offre la possibilité d’être aussi performants, tout en restant compétitifs. Nous maîtrisons notre code, donc nos coûts, et pouvons proposer des tarifs inférieurs à ceux des leaders du marché », indique le fondateur.
La solution intègre plusieurs fonctions d’IA comme la traduction et la transcription en temps réel, la détection de deepfakes, la génération de résumés automatiques ou l’identification d’éléments critiques dans les échanges. Contrairement à d’autres plateformes qui s’appuient sur des services tiers, Private Discuss développe ses propres moteurs. « Nous ne pouvons pas envoyer un enregistrement de conversation chez Google ou ChatGPT pour traitement », souligne le dirigeant. La plateforme peut être installée on-premise sur les infrastructures du client, dans un cloud privé ou en mode SaaS via des partenaires français tels que Scaleway et OVHCloud. « Nous proposons un hébergement SecNumCloud, ce qui donne la possibilité d’ajouter un niveau supplémentaire de sécurité », indique Nawfal Sikal, directeur technologique. Les flux audio, vidéo et documentaires sont chiffrés de bout en bout, « depuis la caméra et le micro jusqu’à l’écran de réception », ajoute Jean Pierre Lach.
Déploiement auprès d’EDF
Par ailleurs, Private Discuss a récemment remporté un marché public avec le groupe EDF. La solution fournira une messagerie et une visioconférence sécurisées pour environ 23 000 utilisateurs, soit les 10 % de collaborateurs traitant les informations les plus sensibles du groupe. « EDF dispose déjà de Microsoft Teams, mais a souhaité une solution souveraine pour ses usages critiques », indique la direction. Ce choix illustre, selon elle, « une prise de conscience des limites liées aux lois extraterritoriales et des risques potentiels de fuite de données ».

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