A l'heure où le Parlement européen examine la législation sur les marchés numériques (digital market act), France Digitale passe à l'action contre Apple. Cette association fédérant environ 1 800 start-ups a porté plainte contre la firme à la pomme devant la Cnil. « On vient de découvrir que cela ferait plusieurs mois que Apple survole magnifiquement les principes élémentaires de la vie privée », a expliqué Nicolas Brien, directeur général de France Digitale à Frenchweb. Dans le collimateur de l'association : la mise à jour iOS14 qui imposerait par défaut des réglages portant atteinte à la confidentialité des données. Avec pour Apple la capacité de mettre en place du ciblage publicitaire personnalisé sans recueil préalable du consentement de l'utilisateur. Une situation qui va à l'encontre des règles élémentaires du réglement général sur la protection des données personnelles.

« On demande à la Cnil de se prononcer là-dessus », enjoint Nicolas Brien. « On ne comprend pas pourquoi les start-ups de France Digitale devraient être plus contrôlées par la Cnil, c'est un combat de principe ». L'option de personnalisation publicitaire a été ajoutée dans iOS avec la dernière mise à jour des paramètres pour iPhone et Mac et est activée par défaut. Résultat : des publictés ciblées sont poussées auprès de l'utilisateur en fonction de ses usages, sur plusieurs services et applications Apple dont l'App Store mais également le fil d'actualités News.

Apple sous un feu nourri de plaintes en Europe

En parallèle, France Digitale a annoncé avoir rejoint la coalition App Fairness regroupant une cinquantaine d'organisations afin de « lutter pour des plateformes numériques plus justes et plus ouvertes » et le comportement anticoncurrentiel d'Apple et l'abus de se position dominante imposant des restrictions intolérables et inacceptables. Une initiative qui n'est pas sans rappeler celle du groupe de défense des droits individuels et des données personnelles Noyb emmenée par l'activiste Max Schrems, contre le traçage publicitaire.

« Nos membres nous disent qu’Apple profite de sa mainmise sur le marché des mobiles iOS pour imposer des conditions financières paralysantes aux développeurs, privilégier ses propres produits au détriment des applications concurrentes et priver les consommateurs de choix », a fait savoir Nicolas Brien. Au niveau européen, Apple est sous le feu d'accusations antitrust depuis juin 2020 pour des pratiques anti-concurrentielles relatives à ses services App Store et Pay.