Présenter des éléments tangibles aux responsables métier Une telle approche nécessite bien sûr de faire attention à respecter les standards, et à choisir des éditeurs dont les produits autorisent une construction modulaire, incrémentale, du système. L'autre pré-requis est bien évidemment de savoir quel problème métier on cherche à résoudre. Cela paraît tomber sous le sens mais, pour que l'analyste du Gartner le répète à chacune de ses apparitions, cela ne doit finalement pas être si évident que cela (Forrester ne manque pas, également, de rappeler cette évidence). Si les DSI voient bien l'avantage qu'ils pourront retirer des SOA, il faut en effet que ceux qui financent, les métiers, puissent disposer d'éléments tangibles. En l'occurrence, Massimo Pezzini positionne la SOA comme un grand facilitateur pour des projets de type BPM (Business process management, gestion des processus métier), BAM (Business activity monitoring, supervision de l'activité métier), ou CEP (Complex event processing, Traitement automatisé des événements complexes). Installer des indicateurs : un petit investissement pour une grande utilité « Prenez le CEP pour un opérateur mobile. Le fait que je me serve de mon téléphone ici à Paris pour composer un numéro, c'est un événement qui, pris isolément, n'a pas de signification particulière. Mais si dans la même heure, ma ligne est utilisée depuis San Francisco, alors la corrélation entre les deux événements montrera que ma ligne a été clonée. L'opérateur pourra alors déclencher un processus : m'appeler pour confirmation bloquer la ligne, etc. » Tous ces événements existent déjà. Il suffit d'implémenter quelques sondes pour être capable de produire des indicateurs techniques, mais aussi des indicateurs métier (BAM). « L'investissement n'est pas énorme, mais le bénéfice est extrêmement utile : il donne une visibilité concrète de la SOA aux collègues du métier. » Quelle que soit la piste suivie, Massimo Pezzini enjoint les DSI de ne pas faire l'impasse sur les technologies de gouvernance. Elles n'ont certes pas d'utilité immédiate pour construire une infrastructure SOA, mais sans elles, les projets sont voués à l'échec : « Ils seront peut-être réussis d'un point de vue technique, mais vous ne pourrez prouver leur utilité métier. C'est une condition sine qua non. » Encourager les développeurs « par la carotte et/ou par le bâton » Pour l'analyste du Gartner, la gouvernance est essentielle pour encadrer la définition des processus, fixer des standards, gérer le cycle de vie des services et encourager, « par la carotte et/ou par le bâton », le respect de toutes ces règles par les développeurs. Masimo Pezzini sait que convaincre sur ce sujet est très ardu. D'une part parce que les développeurs, dit-il, sont persuadés d'écrire le meilleur code du monde, et qu'il leur est difficile de réutiliser des services écrits par d'autres. D'autre part, parce que d'une manière générale, « il n'est pas dans la culture européenne de mesurer les choses. Mais ce n'est qu'en instaurant des métriques, sur le taux de réutilisation, la qualité de service ou encore la réduction des coûts que vous pourrez voir si vous atteignez les objectifs fixés au départ ». Au final, les clients de Gartner semblent suivre ces conseils, à en croire Massimo Pezzini. « Parmi ceux qui sont déjà engagés depuis quelques années dans les SOA, certains freinent un peu au profit de projets présentant des ROI [retours sur investissement] à plus court terme, mais d'autres accélèrent pour récolter au plus tôt les bénéfices de leurs efforts. Quant aux 'novices', ils se lancent dans des projets SOA offrant un retour rapide, comme des portails de type self-service, de l'intégration de processus ou d'applications, ou encore des échanges B2B [interentreprises]. »