Des centaines de millions de dollars. C’est la somme que Google pourrait investir dans la start-up Character.AI. Cette dernière est en pleine croissance depuis sa dernière levée de fonds en mars dernier dirigée par Andreessen Horowitz – à hauteur de 150 millions de dollars – qui a fait grimper sa valorisation à 1 milliard de dollars. Son service, qui repose sur un modèle de language neuronal, peut générer des réponses textuelles de type humain et participer à une conversation contextualisée. Les utilisateurs peuvent ainsi discuter avec versions virtuelles de personnes connues telles que Elon Musk ou des personnages animés, tout en créant leurs propres chatbots et assistants d'IA. Si son utilisation est gratuite, la jeune pousse propose tout de même un modèle d'abonnement à 9,99 dollars par mois avec un accès prioritaire aux conversations, un temps de réponse plus rapide ainsi qu’un accès anticipé aux dernières fonctionnalités.

Les pourparlers entre Character.AI et Google pourraient donc être un levier de croissance supplémentaire pour la start-up qui cherche des capitaux pour former des modèles et répondre à la demande des utilisateurs. Selon Reuters, l’investissement, qui pourrait être structuré sous forme d'obligations convertibles, approfondira le partenariat existant entre Character.AI et Google, dans le cadre duquel la société utilise les services cloud de Google et les Tensor Processing Units (TPU) pour former des modèles. D’autres investisseurs VC semblent également intéressés par la jeune pousse américaine et si cette dernière choisit de lever des fonds, sa valorisation dépasserait les 5 milliards de dollars, selon des sources internes interrogées par Reuters.

Une IA conversationnelle qui séduit surtout les plus jeunes

Fondée par Noam Shazeer et Daniel De Freitas, deux anciens employés de Google, Character.AI propose aux utilisateurs des chatbots avec des rôles et des tonalités variés. Selon les données de Similarweb, ce sont surtout les plus jeunes qui s’intéressent de près à ce chatbot ; les utilisateurs âgés de 18 à 24 ans représentent environ 60 % du trafic de son site web. Un positionnement bien particulier sur le marché de l’intelligence artificielle qui aide la start-up à se démarquer d’autres entreprises aux IA moins orientées divertissement, à l’instar de ChatGPT d'OpenAI et Bard de Google. L’entreprise a récemment déclaré que son site web avait attiré 100 millions de visites mensuelles au cours des six premiers mois suivant son lancement.

« En février 2023, la durée par visite était de 25,4 minutes pour Character.AI, contre 8,4 pour ChatGPT (chat.openai.com). Nous ne pouvons pas dire si la version Bing du chatbot OpenAI maintient les visiteurs engagés plus longtemps, mais aucun des autres sites de chat dédiés à l'IA ne s'est approché du score de Character.AI. Le deuxième plus haut de ceux que nous avons examinés, neeva.com, était de 8,5 minutes en février » indique Similarweb. Par comparaison, « la durée par visite sur YouTube a varié entre 19 et 19,7 minutes par visite au cours des trois derniers mois enregistrés. Le temps par visite pour Facebook et Twitter est proche de 10 minutes, et seule une poignée de petits sites de médias sociaux spécialisés capturent plus de temps par site que ChatGPT » ajoute-t-il dans un billet de blog fin mars 2023.

Google, investisseur effréné dans l’IA

Si l’investissement de Google dans Character.AI semble conséquent, ce n’est toutefois pas une première pour le géant de la recherche. Ce dernier a précédemment investi dans des start-ups spécialisées dans l’IA, notamment dans Anthropic pour un montant pouvant grimper jusqu’à 2 milliards de dollars sous la forme d'obligations convertibles, en plus de son investissement antérieur en actions. Pour mémoire, Anthropic utilise les services cloud de Google ainsi que sa dernière version des TPU et vient concurrencer OpenAI et son célèbre ChatGPT. De façon plus générale, la multiplication des investissements des plus grands fournisseurs de cloud (Amazon, Google, Microsoft) dans l’intelligence artificielle est un moyen de mettre la main plus rapidement sur ces technologies et de proposer des services basés sur l’IA aux utilisateurs, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises.