C'était en principe le 10 septembre que l'Hadopi devait fournir une liste de logiciels de sécurisation, ou du moins les conditions que ceux-ci devaient remplir, officiellement validés par la Haute Autorité. Ces logiciels privés devaient verrouiller les ordinateurs afin que toute tentative de piratage ou d'accès à des oeuvres téléchargeables illégalement soit rendue inefficace. Le fait qu'ils soient effectivement installés, et par les données qu'ils ont enregistrées, devrait constituer une preuve d'innocence face à la riposte graduée opérée par l'Hadopi, qui est constituée pour rappel d'un mail d'avertissement, puis d'un recommandé en cas de récidive et enfin d'un passage devant la Justice pour la troisième occurrence.

Néanmoins, la consultation publique relative à la définition de ces logiciels s'étendra finalement jusqu'au 30 octobre, alors que les premiers mails sont annoncés pour courant septembre ou octobre, soit bien avant que les moyens de sécurisation n'aient été mis à disposition. C'est seulement à l'issue de la consultation que les éditeurs de solution de sécurité pourront développer et soumettre leurs produits à la labellisation.

Des « logiciels espions »

De tels logiciels sont redéfinis comme des logiciels espions par les détracteurs de l'Hadopi, notamment les créateurs du site SOS Hadopi qui dans leur dimension associative promettent d'aider quiconque sera touché par la loi du même nom. Ils déconseillent donc l'usage de tels programmes qui sont pour eux des spywares enregistrant toute l'activité de l'internaute. L'Hadopi rappelle cependant que ces logiciels ne sont pas imposés dans la loi, ils sont juste un moyen de sécuriser l'accès à Internet et de fournir la preuve de l'innocence des individus repérés par les ayant-droits. SOS Hadopi fustige par ailleurs l'inversion des rôles : c'est l'internaute qui doit prouver son innocence, et non pas l'accusation qui doit fournir des preuves de la culpabilité. Selon eux, la présomption d'innocence est bafouée.

Avant même ses premiers envois d'avertissement, l'Hadopi fait donc face à des attaques sur plusieurs fronts. La loi qui avait été forcée à l'Assemblée Nationale après un premier refus doit désormais affronter les remises en cause de son application. Outre les associations et les critiques sur le fond de la loi, elle doit aussi répondre à certaines interrogations, notamment sur qui devra payer la facture des procédures d'identification imposées aux FAI à partir des IP relevées par les ayant-droits. De même, le FAI associatif FDN a déposé récemment un recours devant le Conseil d'Etat pour remettre en question l'absence de l'Arcep dans le processus légal. Entre ces derniers éléments, les faux mails d'arnaque et les multiples critiques qui continuent d'émaner de toutes parts, l'Hadopi ne cesse d'apparaître comme floue et ses applications concrètes comme incertaines.