Au début du mois, Hewlett Packard Entreprise (HPE) a investi dans la startup Hedvig spécialisée dans le stockage défini par logiciel (SDS), que nous avons déjà rencontré à deux reprises en Californie. L’entreprise s’est associée à d’autres investisseurs pour boucler le tour de table de 21,5 millions de dollars qui doivent permettre à la start-up, créée il y a deux ans par Avinash Lakshman le co-créateur des bases de données Dynamo et Cassandra, de se développer. Celle-ci s’est spécialisée dans la vente de stockage défini par logiciel aux entreprises qui souhaitent déployer des environnements de cloud privé, hybride ou multi-cloud. La plate-forme de stockage distribué Hedvig Distributed Storage Platform consolide le stockage des blocs, des fichiers et des objets dans une plate-forme unique accessible par API.

Déjà financée à hauteur de 52 millions de dollars à ce jour, Hedvig a déclaré qu’elle utiliserait ce dernier financement pour atteindre de nouveaux marchés, développer des solutions cloud et de sauvegarde pour les grandes entreprises et accroître ses équipes d'ingénierie, de ventes et ses canaux de distribution. « Tous les secteurs de l'informatique d'entreprise sont concernés par les nouvelles exigences des multiples activités numériques émergentes. C'est un signal d’alarme pour l'industrie du stockage et la prise de conscience qu’à l'ère du cloud, les réseaux de stockage primaire et secondaire ont besoin d’une solution flexible et simple définie par logiciel », a déclaré le CEO de Hedvig, Avinash Lakshman. « Ce tour de table témoigne du travail acharné et du dévouement manifesté par l'équipe de Hedvig. Nous allons nous appuyer sur nos premiers succès commerciaux dans des secteurs clefs, comme les services financiers, les fournisseurs de services, la fabrication, l'énergie et la distribution pour continuer à innover à la fois dans le cloud et dans la sauvegarde. Grâce à ce dernier tour de table, nous pourrons prendre la première place sur ce marché fragmenté du stockage défini par logiciel ».

Une entrée en force chez Hedvig 

L’arrivée de HPE parmi les investisseurs est significative, marquée par ailleurs par la nomination du CTO du Data Center Infrastructure Group, Milan Shetti, au poste de conseiller technique de Hedvig. C’est la deuxième fois que Milan Shetti occupe un rôle consultatif pour travailler étroitement avec une startup dont HPE utilise la technologie. En 2009, il avait été nommé président et CEO d’Ibrix, un fournisseur de logiciels de gestion et de protection des données pour les architectures de réseaux de stockage en entreprise après son rachat par HPE. L'investissement de HPE dans Hedvig arrive après plusieurs acquisitions de fournisseurs de stockage réalisées cette année. Ainsi, en janvier, HPE a racheté l'entreprise d'infrastructures hyper-convergées Simplivity, et début mars, HPE a mis la main sur le spécialiste des baies de stockage hybrides Nimble Storage. L'acquisition planifiée de Simplivity, pour 650 millions de dollars, avait pour but d’étendre le leadership du géant technologique dans une industrie IT hybride en croissance, tout en puisant dans le marché de l’hyper-convergence dont les revenus devraient atteindre les 7 milliards de dollars d'ici 2020.

Des consolidations indispensables  

À l’époque, Meg Whitman, présidente et CEO de HPE, avait déclaré que la transaction élargirait les compétences du fournisseur HPE dans le « software defined » et que la fusion s'inscrivait parfaitement dans la stratégie de HPE, à savoir, livrer des systèmes hybrides plus simples aux clients. « De plus en plus de clients recherchent des solutions qui leur apportent une infrastructure sur site sécurisée, hautement résiliente, ayant les mêmes avantages que le cloud en terme économique. C'est exactement sur cela que nous concentrons nos efforts », avait-elle déclaré à l'époque. Krista Macomber, analyste senior chez Technology Research Business, avait anticipé d’autres consolidations, faisant remarquer que l'achat de Simplivity par HPE reflétait un besoin d’innovation agile et de vente de modèles dans un marché du datacenter perturbé. Elle avait déclaré qu’en 2016 les deux entreprises réunies avaient généré 20 % environ de tous les revenus des plates-formes hyper-convergées, certes bien loin du leader du marché Nutanix, mais meilleur que les acteurs pure player et multiplateformes comme Pivot3 et Dell Technologies, sur une base cumulative.

De même, selon Krista Macomber, la récente acquisition de Nimble Storage reflète une autre étape importante de la consolidation concurrentielle dans l'espace du datacenter. « Immédiatement après le bouclage de la transaction, le portefeuille de solutions tout flash de Nimble permettra à HPE de combler une lacune du marché entre les offres d'entrée de gamme et les offres de niveau entreprise », avait-elle déclaré au moment du rachat. « À plus long terme, HPE va utiliser l'innovation de Nimble pour renforcer de manière significative ses solutions autour de l'informatique hybride. Cependant, si cette série d'acquisitions peut pousser rapidement et de manière significative HPE sur des secteurs critiques du marché du datacenter, Krista Macomber pense aussi que cette stratégie présente un risque d’éparpillement de la marque, et qu’elle peut créer la confusion chez les clients et les partenaires. Selon elle, « c’est un aspect important, que HPE devra s’employer à bien gérer ».

Etendre les capacités analytiques

Les baies 3Par (acquises pour 2,35 milliards de dollars en 2010) reposent en effet sur des Asics propriétaires alors que celle de Nimble emploie des contrôleurs x76 standard. Si la convergence entre les deux gammes est donc impossible, la partie analytique prédictive de Nimble – Infosight – pourrait-elle arriver sur les systèmes 3Par. Rappelons qu’Infosight analyse l'usage qui est fait des systèmes Nimble et indique comment optimiser les performances et à quel moment augmenter la capacité de stockage (flash ou disques durs).