En gestation depuis 2021, le projet Hyper Open X sort enfin de terre. Portée par un consortium de 16 fournisseurs français (Abilian, Ateme, BSO, Cap Digital, CleverCloud, Jamespot, Murena, Nexedi, OpenSVC, Patrowl, Rapid.Space, Scaleway, SenX, Signal, Teralab et Vates), cette plateforme a pour objectif de pousser des solutions et des services open source convergents orientés edge to cloud. Rassemblés dans le cadre d'un appel à projet lancé en 2021 ayant bénéficié de financements de l'Union européenne du gouvernement français dans le cadre de France 2030 et de France Relance pour une enveloppe globale de 10 M€, ces acteurs se sont engagés à développer leurs offres sur les trois prochaines années avec des premiers livrables attendus dès septembre 2023. Bpifrance et Cap Digital font aussi partie de l'aventure.

Lancé en 2021 mais entré en phase active seulement aujourd'hui, on peut se demander pourquoi ce projet a connu une telle latence. « La validation de ces financements a été retardée car nous avons dû faire face à des processus kafkaïens liés à la désagrégation de procédures et au recours massif à la sous-traitance et aux intérimaires dans différentes instances administratives », nous a expliqué Jean-Paul Smets, PDG de Rapid.Space qui a porté ce projet. « On est très content d'avoir ces financements même si on aurait aimé les avoir un peu plus tôt ».

Des projets prometteurs en attente de débouchés

Passé ce (gros) grain de sable, Hyper Open X est donc désormais bel et bien sur les rails. Mais de quoi s'agit-il dans les détails ? Ce projet englobe un panel d'offres variées : PaaS et exploitation automatisée de services répartis convergents (contributeur Nexedi, validateurs Abilian et Jamespot), CDN HTTP/3 avec PKI répartie (contributeur Clever Cloud et Rapid.Space, validateurs Ateme et Scaleway), base de données relationnelle clusterisée as a service (contributeur Signal18, validateurs Abilian et Jamspot), SecOps (contributeurs Patrowl et Rapid.Space, validateur Rapid.Space), data space multicloud (contributeurs Rapid.Space et Teralab, validateur Nexedi SenX), service d'infogérance standardisé (contributeur Ecorp, validateur Nexedi), orchestration d'orchestrateurs hétérogènes (contributeurs Clever Cloud et OpenSVC, validateurs Clever Cloud et Rapid.Space), et déploiement de VM chiffrées en utilisant Xen et l'extension SEV d'AMD (contributeur Vates, validateur Rapid.Space). « Le point commun est l'open source, l'exploitation entièrement automatisée aussi bien du build que de l'orchestration et du déploiement », fait savoir Jean-Paul Smets.

Concernant plus spécifiquement le projet hyper_sev qui est l'une des composantes d'Hyper Open X visant à déployer des VM chiffrées en utilisant Xen et l'extension SEV d'AMD, Charles-Henri Schulz, directeur de la stratégie de Vates nous a apporté la précision suivante : « L'idée sous-jacente est de renforcer la confidentialité des traitements effectués dans le cloud. Plus concrètement il s'agit de pouvoir utiliser les extensions CPU d'AMD permettant de chiffrer les machines virtuelles et ainsi d'en améliorer leur robustesse. Ce travail est assez pointu car le moteur de virtualisation utilisé pa Vates est Xen, et cette technologie présente déjà de nombreux atouts en termes de sécurité et d'isolation d'environnements virtuels. Les extensions de Xen pour AMD SEV sont réalisés par Vates au travers de son équipe de développeurs dans le noyau Linux et dans Xen ».

A y regarder de près, on peut aussi se poser la question de savoir si Hyper Open X ne vient pas chasser sur les terres d'un Gaia-X, à une échelle cependant plus locale orientée TPE-PME - uniquement la France - sans la présence d'acteur étranger comme les hyperscalers. « Nous avons pensé chaque service pour répondre à un cas d'usage particulier avec en tête la sécurité et la maitrise du code de bout en bout », résume Jean-Paul Smets. Une ligne de conduite au final assez proche des fameuses policy rules de l'initiative cloud paneuropéenne internationale. Rendez-vous donc dans quelques années pour savoir si cette agrégation de compétences répond bien aux différents besoins du marché français.