Les grandes manœuvres continuent dans l’IT avec la rumeur d’un prochain rachat de HashiCorp par IBM. Le Wall Street Journal cite une source proche du dossier et indique que les pourparlers entre les deux sociétés sont avancées. Une annonce pourrait être faite dans les prochains jours pour un montant dépassant les 4,9 Md$ pour HashiCorp, signale le quotidien. A la suite de l’article, l’action de la société a bondi de 18% pour atteindre une valorisation de 5,86 Md$.

Un portefeuille d’outils allant du IaaC à la sécurité

Si l’opération se concrétise, IBM mettra la main sur un portefeuille d’outils open source, en complément de Red Hat, qui aident les entreprises à gérer leur infrastructure cloud. Le plus connu est Terraform, une solution d’infrastructure as a code. Développé en Go et compatible avec les principaux clouds, elle est utilisée par les équipes DevOps pour automatiser diverses tâches d’infrastructure comme la mise en service de services cloud. Elle est capable de déclarer et déployer sous forme de code - via des fichiers de configuration structurés - l’intégralité de l’infrastructure sous-jacente et, ce, même si les serveurs sont associés à des fournisseurs différents, par exemple AWS ou Azure. Récemment, l’éditeur a ajouté un zeste d’IA générative dans Terraform.

La boîte à outils de HashiCorp comprend également des outils de sécurité. Vault adresse la délicate question de la gestion des secrets. Ces derniers comprennent des clefs d’API, tokens, mots de passe, certificats, répertoires GitLab ou GitHub. Vault se propose donc de sécuriser, stocker et contrôler plus étroitement l'accès à tous ces secrets indispensables à tout SI moderne. Un autre service Boundary se préoccupe des droits d’accès et la gestion des identités sur les applications et les systèmes critiques. L’ensemble des outils de HashiCorp sont disponibles sur sa plateforme cloud baptisée HCP. 

Une santé financière solide, malgré les polémiques

Sur le volet financier, l’éditeur se porte bien avec des revenus en hausse annuelle de 15% pour le dernier trimestre, soit 155,8 M$. La version payante de ses produits est utilisée par plus de 4 400 clients dont la plupart dépensent plus de 100 000 dollars par an pour ses logiciels. A noter que le co-fondateur de HashiCorp, Mitchell Hashimoto, a quitté la société à la fin décembre 2023 laissant Dave McJannet (ancien de Hortonworks, VMware et Microsoft) aux commandes avec le CTO et co-fondateur Armon Dadgar.

A l’été 2023, HashiCorp a fait face à une polémique après avoir  décidé de changer de licence pour son projet en passant de Mozilla (MPL 2.0 depuis 2014) à la Business Source Licence (BSL qui se base sur la disponibilité « à la source »). Une modification perçue comme une trahison par une partie de la communauté des développeurs qui a publié un manifeste demandant à HashiCorp de revenir en arrière. Face au refus de l’éditeur, ils ont forké Terraform au sein du projet OpenToFu. Même Vault a été forké avec le projet OpenBao. Une orientation qui n’est pas sans rappeler celle de RHEL de Red Hat qui a décidé de réserver l'accès au code source de la distribution à ses seuls clients. Certains y ont vu à l’époque l’influence d’IBM derrière cette décision.