Dynamique, le secteur des infrastructures numériques devrait totaliser 33 000 créations nettes d’emploi sur la période de 2022 à 2030, en hausse de 5% en moyenne par an, pour un total de près de 103 000 professionnels. C’est le principal constat du 2ème volet de l’étude prospective des besoins en emplois et compétences dans la filière des infrastructures du numérique à l’horizon 2030, réalisée par le cabinet Katalyse dans le cadre de l’Edec infrastructures du numérique signé le 1er décembre 2021 avec l’Etat et les opérateurs de compétences (Opco). Le Contrat stratégique de filière infrastructures numériques, ainsi que la fédération InfraNum, impliquée sur le volet emploi ont également participé à identifier les évolutions de ce secteur. Premier constat : si le décommissionnement du cuivre et le déploiement 4G/5G ne constituent pas de réels leviers, l’émergence de certains chantiers soutient le besoin croissant en compétences dans le domaine des installations informatiques, souligne le rapport.

Parmi eux, les projets IoT aussi appelés réseaux locaux des équipements connectés (Relec) connaîtront la plus forte croissance en termes d’emplois entre 2022 et 2030 (multiplication par 5) et représenteront à terme la part la plus importante de la filière avec près de 40 000 collaborateurs. Près de 6 000 ingénieurs et 12 000 techniciens de maintenance réparateurs d’équipements sont attendus en renfort sur ces réseaux d’ici 2030. Les emplois dans les datacenters doubleront également sur cette période, passant de 11 500 aujourd’hui à plus 20 000 en 2030. Ils concernent majoritairement le niveau de technicien (70 % des besoins) et seront principalement concentrés en Ile de France et à Aix-Marseille. Des profils cependant complexes à recruter compte-tenu du peu de formation existante et des compétences spécifiques attendues, prévoit dans le même temps cette étude.

Dans les métiers des installations informatiques, les besoins en compétences spécialisées dans les réseaux locaux d’équipements connectés seront multipliés par cinq dans les 10 ans à venir. (source InfraNum/Crédit image: InfraNum)

De son côté, l’installation de la fibre optique en France a mobilisé plus de 31 000 salariés en 2022. Les emplois liés au raccordement atteindront leur pic entre 2023 et 2024. La baisse des effectifs notamment dans les métiers du raccordement final abonné (qui passeront de 15 000 à 2 000 entre aujourd’hui et 2030), sera en partie compensée par la création de plus de 2 000 postes dans la maintenance du réseau, un volume qui passera à 6 500 professionnels en 2030. Au total, près 10 000 personnes seront employées sur le segment de la fibre à cet horizon.

Renforcer la connaissance du secteur et les passerelles métiers

Dans leurs préconisations,  les représentants de la filière des infrastructures informatiques interpellent sur les défis de l’attractivité du secteur et des parcours métiers pour y accéder. A court terme, il s’agit d’attirer et recruter des candidats de bon niveau pour finaliser le déploiement de la fibre. A moyen et long terme, l’enjeu consiste à continuer les actions de promotion pour accompagner la montée en charge sur les autres chantiers des infrastructures numériques (maintenance des réseaux fibrés, territoires connectés, datacenters et 5G industrielle) et permettre la reconversion et/ou la montée en compétences d’une partie des salariés, notamment de la fibre. Pour le secteur qui souhaite reclasser une partie de sa main d’œuvre, l’étude dégage diverses passerelles possibles entre les métiers du Très Haut Débit d’aujourd’hui et ceux de la prochaine). Les techniciens fibre pourraient ainsi aisément migrer vers les chantiers datacenters, de même que les monteurs-raccordeurs fibre vers le marché des territoires ou réseaux d’équipements connectés.

Les datacenters de grande taille (technologies Cloud) sont localisés majoritairement en Île-de-France (de l’ordre de 90 % d’entre eux) et au sein du pôle Aix-Marseille (~10 %).

Des efforts à faire sur la formation professionnelle

La majorité des entreprises, notamment celles qui sont aujourd’hui positionnées sur la fibre, sont conscientes des enjeux de transition. Si elles font preuve d’anticipation et font évoluer leur stratégie, les prochaines années seront cruciales et devront s’accompagner d’une gestion prévisionnelle des emplois et parcours professionnels pour mieux anticiper les besoins réels. Face à tous ces défis, InfraNum encourage l’adoption de mesures concrètes. Une meilleure agilité des programmes et de la reconnaissance des titres professionnels, avec une révision plus dynamique des certifications et des programmes de diplômes existants, font partie des pistes évoquées par la fédération. De même, la création d’un tronc commun de compétences renforcerait la modularité dans les formations émergentes et faciliterait les reconversions.

L’amélioration de l’attractivité des métiers des infrastructures numériques via une sensibilisation accrue des équipes pédagogiques, un dialogue renforcé et plus de lisibilité des formations existantes fait également partie des souhaits de la fédération. Pour conclure, InfraNum insiste aussi sur la nécessité d’acquérir des savoir-faire en réponse au niveau d’exigence des secteurs stratégiques, en particulier ceux de la cyber sécurité, et de la  transition environnementale.