Des projections qui donnent le tournis. Selon le MIT, le nombre d'objets connectés devrait finir par dépasser le nombre de PC et de smartphones connectés dans moins d'une dizaine d'années alors que de son côté, l'IDATE estime à 80 milliards le nombre d'objets connectés à horizon 2020 (versus 15 milliards en 2012). Un futur pas si lointain qui devrait marquer un tournant dans le monde des technologies de l'information, qui ne sera alors plus dominé par les smartphones, tablettes et autres PC hybrides, mais par des boîtiers et des puces à même de rendre communicants des objets qui jusqu'à ce jour ne l'étaient pas - ou encore très peu - comme des voitures, des bâtiments ou encore des compteurs de gaz et d'électricité.

En France, certaines entreprises des secteurs de l'industrie et des services ont déjà pris à bras le corps la problématique de l'Internet des objets et du Machine-to-Machine. C'est le cas par exemple de Bouygues Energie et Services qui a développé une solution permettant de récupérer des informations de température dans les locaux, d'état de fonctionnement des équipements de production de chaleur ou de ventilation ou encore météorologiques afin d'optimiser les consommations énergétiques des bâtiments et fournir à ses clients des indications précises de consommation. Une solution qui vient s'adosser à des équipements et compteurs connectés fournis par une palette de partenaires technologiques (Alcatel-Lucent, Cisco, Itron, Socomec, Smart Impulse...) avec la volonté cependant de ne jamais se laisser enfermer dans une technologie.

1 milliard de données collectées par jour du côté de SFR

Afin de travailler sur le développement de son logiciel de smart metering Hypervision, Bouygues Energie et Services a d'ailleurs mis en place une task force composée d'une quinzaine de personnes aux profils variés (ingénieurs informaticiens, spécialistes télécoms, analystes de données ...). « Nous subissons une révolution dans notre métier qui est de prendre en compte la valeur verte de la performance énergétique pour en tirer parti dans le métier de construction de bâtiments mais aussi dans celui de l'exploitation et de la maintenance », a expliqué Laurent Lebouchard, directeur de l'ingénierie et des services de Bouygues Energie et Services à l'occasion de la table ronde L'Internet des objets dans l'industrie et les services organisée mardi matin par Alten.

Internet des objets (table ronde Alten)Alten a réuni plusieurs experts à l'occasion de sa table ronde ronde "L'Internet des objets dans l'industrie et les services" dont Laurent Lebouchard de Bouygues Energie et Services (à gauche), Laetitia Jay de Gemalto (au centre) et Ludovic Le Moan de Sigfox (à droite).

Bouygues Energie et Services est loin d'être un cas isolé parmi les entreprises estimant que l'Internet des objets est à même de créer de la valeur pour le business. C'est également le cas pour SFR qui, dans le cadre de son projet IoT, a développé des services basés sur la remontée d'informations issues des capteurs smartphones de ses clients. « Nous collectons chaque jour 1 milliard de données émanant des smartphones de nos clients que nous anonymisons pour en délivrer des services dans des domaines variés pour connaître par exemple la concentration de personnes dans un lieu donné et adapter en conséquence la fréquence des moyens de transport, a fait savoir Anne-Flore Agard, directrice BU et Utilities chez SFR Business Team.

Des initiatives IoT qui risquent d'être coupées dans leur élan

Alors que les réflexions autour de la valeur business et de la monétisation des services issus de l'Internet des objets sont désormais matures, il en est d'autres qui restent cependant à la traîne et qui pourraient finir par coûter cher aux entreprises françaises, en particulier celles qui tournent autour des problématiques de la standardisation. « Alors que l'ensemble des industries veut connecter des assets avec d'autres assets, les technologies de l'Internet des objets sont aujourd'hui tout sauf standardisées, il est donc nécessaire d'atteindre un objectif de standardisation si l'on veut que le potentiel de l'Internet des objets soit une réalité », a prévenu Laetitia Jay, M2M Solutions & Services de Gemalto.

Attention toutefois à ce que cette recherche de standardisation ne prenne pas trop de temps, au risque de voir passer sous le nez des entreprises françaises le virage de l'innovation de l'IoT et des perspectives business associées. « Il faut aller très vite et ne pas chercher à faire des normes trop compliquées comme celles sur laquelle travaille l'ETSI (European Telecommunications Standards Institute). Les Américains ne se posent pas autant de questions que nous et le risque si l'on prend trop de temps, c'est de voir arriver des milliards d'objets connectés en provenance de Chine ou des Etats-Unis qui utiliseront des standards ouverts », a lancé Ludovic Le Moan, CEO de Sigfox.