Le Forum mondial de la gouvernance de l'Internet, qui se tenait à Athènes jusqu'à hier, s'est clos sur peu de décisions concrètes mais a permis de ramener à la table des discussions le problème de la domination de l'anglais et de l'alphabet latin sur la Toile. La Commissaire européenne en charge de la Société de l'Information et des Médias Vivane Reding a insisté sur la nécessité de reconnaître la diversité culturelle sur le Web ajoutant que l'idée de noms de domaines internationalisés (IDN) était vue « à tort comme un problème technique ». Pour Vint Cerf, vice président et responsable évangéliste chez Google, l'IDN représente « un énorme défi technique » qui pourrait compromettre l'interopérabilité des composants du Web. Généraliser les IDN permettrait d'afficher les adresses de sites dans leurs alphabets respectifs. Les alphabets asiatiques (coréen, japonais, chinois), cyrillique ou grec sont déjà utilisables. A l'origine aucune tentative d'accentuation ou de changement linguistique ne pouvait être admis dans les noms de domaine. L'ICANN, organisme chargé de contrôler les noms de domaine, a présenté une feuille de route pour l'introduction des IDN avant la fin 2007. Il devra notamment s'assurer de la comptabilité de l'infrastructure existante avec les différents alphabets. Mais pour Robert Shaw, conseiller à l'Union international des Télécommunications, le problème est ailleurs. L'ICANN, qui assure la gouvernance technique depuis 1998, est taxé par de nombreux experts de partialité étant donnés ses liens étroits avec les Etats-Unis et plus particulièrement avec le département du Commerce américain. L'Administration Bush avait par exemple refusé l'idée d'une extension .xxx des sites pour adultes. Pour Robert Shaw, le faible pouvoir de contrainte du Forum mondial de la gouvernance de l'Internet (IGF) ne permettra pas de faire avancer véritablement les choses. Raison pour laquelle il a suggéré que l'IGF devienne un observatoire du Web. Une idée bien reçue mais pour beaucoup, la gouvernance du Net doit être confiée à des groupes locaux et non à un organisme mondial.