lemondeinformatique.fr : Vous avez récemment pris la tête de Sun. Que faites vous différemment de Scott Mc Nealy ? Jonathan Schwartz : J'ai le privilège d'être assis sur les épaules de géants. J'ai aussi l'opportunité de pouvoir m'appuyer sur des gens comme James Gosling qui ont fait un vrai travail de pionnier avec Java. Ce que je fais à la tête de Sun n'est pas différent de ce que faisait mon prédécesseur, c'est à dire faire honneur aux innovateurs et aux innovation qui créent nos opportunités d'affaires. Ceci dit, j'ai une coupe de cheveux différente de Scott, je n'aime pas les mêmes sports, Pour Scott tout vin qui sort d'une bouteille est un vin fin, ce qui n'est pas mon cas, bref nous avons des personnalités différentes. Ce qui devrait nous différencier est que je vais me concentrer plus sur les communautés de développeurs que Scott, alors que Scott s'est plutôt concentré sur les CEO. Mon challenge est de faire en sorte que nous rapprochions les deux de façon à ce que les CIO et CEO comprennent les tendances qui parcourent l'industrie informatique, tout en aidant les développeurs à identifier de nouvelles opportunités de marché. Quel est l'intérêt économique de Java pour Sun et quels revenus en tirez-vous ? Je pense que c'est la question à laquelle je vais avoir à répondre au cours des dix prochaines années. [Schwartz se lève et montre une prise électrique] Vous voyez cette prise, comme elle pour l'électricité, je crois que Java est la standardisation de l'accès à l'Internet. Demander à Sun la valeur de Java pour notre business est comme demander à un fabricant de turbines électriques la valeur de cette prise électrique pour leur business. Cela permet la standardisation du marché de telle façon que vous pouvez croître au-delà de votre propre marché. Un autre exemple de cela : tout opérateur mobile dans le monde perd de l'argent en vous vendant un téléphone. La raison est qu'il veut vous attirer pour que vous vous abonniez, et une fois que vous avez un téléphone, il peut vous fournir des services qu'il monétise. Bien sur, certains analystes financiers pourraient raisonner qu'il n'est pas sain de vendre des téléphones à perte, car on perd de l'argent et qu'il faut cesser immédiatement. La conséquence pour Verizon, NTT DoCoMo ou Vodafone serait l'arrêt de la croissance du nombre d'abonnés et à terme la faillite (...) Vous m'avez demandé quelle est la valeur de Java pour Sun. Je pense que les 13 milliards de revenus de Sun cette année proviennent de Java. Nous demander la valeur de Java dans notre business est comme nous demander la valeur d'Internet. Nos systèmes comptables sont sophistiqués, mais je crains qu'ils ne soient pas assez intelligents pour répondre à cette question. Vous vous êtes beaucoup exprimé sur la fracture numérique. Qu'est ce que Sun peut faire pour contribuer à sa résorption ? Je crois que Sun est une force de démocratisation de la technologie. Nous aidons à abaisser le coût et la complexité pour ceux qui souhaitent se raccorder au réseau. Regardez le succès d'OpenOffice et Staroffice, de Java, de Netbeans et d'OpenSolaris. Ce sont des preuves que nous sommes réellement engagés au sein du mouvement open source. La fracture numérique existe, car le réseau est aujourd'hui trop complexe et donc trop coûteux. On travaille avec des gouvernements à travers le monde pour résoudre ce problème. Récemment, j'étais au Brésil où j'ai rencontré le président Lula et nous partagions cette volonté que les brésiliens soient en ligne que les colombiens se raccordent que l'ensemble du monde soit connecté. Ceci dit, nous sommes une compagnie rare au sens ou quand nous faisons du bien pour le monde et quand nous aidons à lutter contre la fracture numérique nous contribuons aussi à la bonne santé de notre business. Car plus il y aura de brésiliens en ligne, plus ils se connecteront aux systèmes de nos clients qui se tourneront vers nous pour mettre en place des infrastructures informatique adéquates. L'exemple que j'ai utilisé au Brésil est celui d'une banque pour laquelle nous travaillons. Elle a 22 millions de clients, dont 5 millions qui font de la banque en ligne. Aux Etats-Unis, la quasi-totalité des clients font de la banque en ligne. Ce n'est pas le cas au Brésil car la fracture numérique a un impact sur la faculté qu'ont les clients à se connecter au réseau. Mon point au président Lula, qui s'étonnait de notre intérêt à voir tant de gens se raccorder au réseau est d'imaginer l'opportunité que représente pour Sun, l'arrivée de 15 millions des clients de cette banque en ligne en terme d'infrastructure Le mouvement open source semble pendre partout à travers le monde. Pouvez-vous nous donner votre avis à ce propos ? Chaque nation comprend la valeur des standards ouverts. Tout client comprend le sens du mot gratuit. Chaque étudiant ou créateur d'entreprise comprend qu'en utilisant OpenOffice, il économise quelques centaines de dollars par poste, qu'il peut investir de façon plus utile dans son entreprise. Je vois les gouvernements considérer les technologies réseaux comme un outil de progrès social autant que comme un outil de progrès technique. Et je vois de plus en plus cette tendance dans les pays en cours de développement s plus qu'En Europe ou aux Etats-Unis. Où en êtes vous de vos opérations de réduction de coûts? Je crois qu'aucune société n'a jamais atteint la grandeur en se coupant les membres un à un. La meilleure façon de se bâtir un futur est de faire croître le marché comme vous pouvez le voir ici à JavaOne. Nous allons continuer à travailler sur trois axes. Premièrement, nous allons continuer à innover pour faire croître notre CA. Deuxièmement, nous allons continuer à améliorer notre efficacité et à améliorer nos marges. Troisièmement, nous allons continuer à couper dans tout ce qui n'est pas stratégique pour notre futur. C'est ce que nos clients attendent de nous : avoir une roadmap pour aujourd'hui et une roadmap d'innovation pour le futur.