L'Agence France Presse vient d'intenter une action en justice aux Etats-Unis contre le moteur de recherche Google, qu'elle accuse " de reproduire sans son autorisation des photographies des titres et des introductions d'articles" sur son site web Google News. L'AFP indique qu'elle a, par le passé, contacté Google pour lui demander de ne pas reproduire des contenus protégés sur son site d'information mais que le géant américain a ignoré ses requêtes. En conséquences de quoi, L'AFP demande à Google de cesser de piller ses créations et de verser au moins 17,5 M$ de dommages. L'agence demande également au tribunal du district de Columbia de prohiber l'usage de ses contenus par Google.

Ce n'est pas la première fois que Google New suscite l'ire de l'industrie des médias. Le site d'information du moteur de recherche est en effet assemblé par des robots automatisés qui parcourent les sites d'informations internet pour en extraire les nouvelles les plus populaires. Pour sa défense, Google souligne qu'il permet à des éditeurs de ne pas être présent dans Google News, mais que la plupart pense que cela constitue un atout pour eux. Dans le cas de l'AFP le problème est sans doute plus complexe.

L'agence vit en effet des souscriptions de ses abonnés, pour l'essentiel des services d'informations, des journaux, des TV et des institutions gouvernementales. Moyennant finances, ces dernières peuvent reproduire tout ou partie des contenus sur leurs propres sites Web. Ce sont ces sites qu'indexent Google News. Au passage, le moteur rend donc très visibles et gratuits des contenus que l'AFP vend parfois très cher à ses clients.

Une chose est certaine, la puissance grandissante de Google agace de ce côté ci de l'Atlantique. Dans une chronique titrée " Google n'est pas la fin de l'histoire"publiée dans le Monde, le ministre de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres fustige ainsi l'utopie d'une diffusion libre et gratuite du savoir accumulé dans les bibliothèques et d'affirmer :" L'accès direct et automatique au savoir permis par les moteurs de recherche ne saurait ni être exclusif ni remettre en cause le rôle essentiel, dans la culture et l'éducation, des médiateurs et des passeurs. Je ne crois pas que la seule clef d'accès à notre culture soit le classement automatique par la popularité, qui a fait le succès de Google".
Plus loin, il ajoute " le numérique ne saurait prétendre déployer le savoir au mépris des conditions de production de ce savoir. Tel est le sens du projet de loi sur le droit d'auteur dans la société de l'information que le gouvernement présentera bientôt au Parlement".