Le langage Dart de Google, censé remédier aux faiblesses de JavaScript, a été moyennement accueilli par Brendan Eich, l'inventeur du JavaScript. Selon lui, le langage de programmation structurée que Google a mis au point pour le Web ne sera pas supporté par les navigateurs Internet et, probablement, JavaScript lui-même ne sera pas transformé pour supporter le code natif.

Même s'il admire les efforts entrepris par Google pour faire en sorte que le Document Object Model soit plus utilisable à l'intérieur de Dart, l'inventeur s'est montré plus réservé sur les chances de Dart de gagner le support des navigateurs Internet. « Dart est un langage parmi un grand nombre d'autres qui compilent actuellement JavaScript. Il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet, et comme pour Native Client de Google, je ne pense pas que Dart sera un jour supporté en natif par d'autres navigateurs. En tout cas pas par Safari, ni par Internet Explorer, » a déclaré Brendan Eich, par ailleurs CTO de Mozilla, lors du Node Summit de San Francisco (24-25 janvier 2012). JavaScript est pris en charge par les navigateurs les plus populaires, y compris par Firefox de Mozilla. Google a fait valoir que si JavaScript était un bon outil pour construire des applications Web simples, il présentait des faiblesses pour conserver la structure à partir du moment où un programme grandissait. Et Dart permettrait de résoudre ce problème.

Un soutien encore incomplet  sur les navigateurs

Brendan Eich pense également qu'il y a peu de chance que JavaScript soit étendu pour supporter le code natif. S'il reconnaît que ce type d'intégration pourrait bénéficier au portage de jeux C++ vers les navigateurs, l'inventeur doute cependant que les éditeurs de navigateurs lui apportent leur soutien. Pour lui, l'effort accompli par Google avec Native Client de Google est du même ordre. Il utilise un compilateur de vérification, exécute le code natif dans une sandbox, et tire parti « d'un runtime plein d'API. » Mais selon lui, ni Microsoft, ni Apple n'utiliseront ce compilateur. « L'autre problème, c'est que le set d'API en big fat est directement lié au navigateur Chrome de Google. » Autrement dit, ces API ne reposent pas sur des standards. « Certaines sont construites autour de WebKit, d'autres autour du code de Chrome. Il n'est pas possible de prendre ces API pour IE, ni pour Safari. » Brendan Eich rappelle aussi que « pour Mozilla, en particulier, l'objectif est d'améliorer le Web et de faire en sorte que JavaScript puisse être exécuté par tout type de matériel. » Celui-ci a également rappelé la nécessité de disposer d'outils de développement JavaScript et il voit que cela est en train d'arriver. A ce titre, l'adoption du HTML5 par Adobe va dans ce sens. « C'est un effort pour fournir un outil pour JavaScript. »

Enfin, le CTO de Mozilla a déclaré que l'amélioration de la prochaine version de ECMAScript 6, à la base de JavaScript, résoudrait un problème d'erreurs de programmation faites dans le mode ECMAScript 5 strict. « Dans la prochaine version, et dans certains contextes, ces erreurs seront déplacées dans le temps, si bien que lorsque l'on chargera le code, il ne sera même pas exécuté. On obtiendra une erreur brute. » Selon Brendan Eich, l'ECMAscript 6 sera prêt en 2013 pour être généralisé.