Le constat peut surprendre. En France, les étudiants de premier cycle universitaire ne maîtrisent pas suffisamment les outils numériques. C’est ce que révèle la plateforme d’acquisition des compétences Pix dans une enquête réalisée auprès des étudiants en licence en France en 2025. Pour obtenir ce résultat, l’organisme a établi une cartographie du niveau de maîtrise IT en analysant les données de 7 700 étudiants ayant passé la certification Pix lors de l’année 2024-2025. Le niveau attendu en fin de licence étant fixé à 448 Pix. Or, avec un score moyen de 432,  cette première enquête montre que la plupart des étudiants de premier cycle ne disposent pas encore de toutes les compétences suffisantes en informatique. En 3e année, plus de la moitié (52%) sons sous le seuil attendu, signe qu’ils ne maîtrisent pas suffisamment les usages numériques nécessaires à la poursuite d’études en Master ou à l’entrée dans le monde professionnel.

Dans le détail, un peu moins d’un tiers obtiennent le niveau 1 de la certification nécessaire pour participer à une visioconférence mais pas pour faire du tri dans un tableur. Près de 32% des élèves atteignent un score compris entre 384 et 447 correspondants à un niveau satisfaisant toutefois insuffisant pour s’intégrer dans l’entreprise. L’étude met en évidence des lacunes significatives dans des domaines clés du socle de compétences techniques comme la production de documents en ligne structurés et la collaboration en ligne. Mais c’est surtout dans la cybersécurité que le bât blesse avec seule la moitié des étudiants adoptant les bons réflexes face à une usurpation d’identité ou une tentative de phishing.

Degré de maitrise des outils numériques durant les trois années de licence. (Source: Pix)

Des inégalités selon les filières 

Le sujet des droits d’auteurs pose également question. Un jeune sur trois ne maîtrise pas encore les règles essentielles pour réutiliser correctement une œuvre en ligne. » Nés avec Internet, les ordinateurs et les smartphones, on pense souvent à tort que les étudiants n’ont plus rien à apprendre avec le numérique. Même parmi les plus jeunes générations, le risque de décrochage sur les technologies qui évoluent constamment est réel », a commenté Benjamin Marteau, directeur de Pix, dans un communiqué. 

En parallèle, l’analyse montre que le niveau de maîtrise des outils varie fortement selon la filière universitaire, révélant de fortes inégalités entre les profils. Ainsi, les étudiants titulaires d’un baccalauréat technologique ou professionnel apparaissent plus exposés au risque de décrochage numérique lors de leur entrée dans l’enseignement supérieur.

Evaluation des compétences numériques selon les baccalauréats. (Source: Pix)

De bons scores en BUT et dans le médical 

En effet, en L1, 4 étudiants sur 10 se situent en deçà du niveau attendu à la sortie du lycée. Pour rappel, la spécialité Numérique et sciences informatiques (NSI) issue de la réforme du lycée général attire peu de candidats. Seuls 4,5 % des élèves de terminale s’y étaient inscrits en 2024, d’après la Société informatique de France. Les étudiants en Bachelor universitaire de technologie (BUT) ou en licence professionnelle se distinguent par une maîtrise supérieure des outils. Seuls 24 % d’entre eux se situent en dessous du niveau attendu en sortie de lycée, contre 31 % des étudiants en licence pro. Mais ce sont les étudiants préparant un diplôme d’études médicales qui obtiennent les meilleurs résultats. En effet, 12 % d’entre eux se situent en dessous du niveau attendu en fin de terminale. 

En révélant des écarts marqués entre les profils et des fragilités persistantes, cette étude nationale confirme l’importance de développer des dispositifs d’accompagnement adaptés : formations, sensibilisation à la cybersécurité, modules dédiés au droit d’auteur, et actions de remédiation au sein des universités. De son côté, France Universités encourage ses établissements à conforter les compétences numériques dès l'entrée en licence, en proposant des parcours adaptés, en renforçant les actions de sensibilisation et en s’appuyant sur des dispositifs de certification.