Selon l'agence de presse officielle Xinhua, la Chine espère lancer en octobre prochain un OS souverain afin de « sevrer » le pays des systèmes d'exploitation conçus à l'étranger tels que Windows. L'OS national, qui n'a pas encore de nom officiel selon Xinhua, sera d'abord proposé pour les PC de bureau, avant de s'étendre un peu plus tard aux smartphones. Il s'agit très probablement d'une distribution Linux, revue et corrigée par les organes de sécurité chinois, et qui serait baptisé Chinese Operating System (COS). Nous vous parlions déjà de ce dernier en janvier 2014. L'agence de presse chinoise a cité un rapport du ministère de l'Industrie et des Technologies de l'information (MIIT), l'organisme chargé, entre autres choses, de la réglementation et du développement de l'industrie du logiciel en Chine. « Nous espérons lancer un système d'exploitation pour PC de bureau de fabrication chinoise en octobre afin de soutenir des app stores [locales]», a déclaré Ni Guangnan de l'Académie chinoise d'ingénierie. M. Ni est à la tête de l'alliance de développement du système d'exploitation officiel créé en mars dernier par la République Populaire de Chine (RPC).


Le China Operating System, sur base Linux, serait développé par l'Académie des Sciences Chinoise et Liantong Network Communications Technology basée à Shanghai.

Selon le MIIT, M. Ni met en avant la fin du support de Windows XP et l'interdiction de Windows 8 sur les ordinateurs du gouvernement chinois comme une opportunité pour le lancement d'un OS domestique. Plus tôt cette année, les autorités chinoises ont en effet interdit l'utilisation de Windows 8 sur les ordinateurs du gouvernement, un mouvement déclenché suite à la fin du support de Windows XP en avril dernier. Avant cela, les autorités avaient fustigé Microsoft quant à l'arrêt des mises à jour de sécurité pour le système d'exploitation vieux de 13 ans. Historiquement, la Chine était un bastion de Windows XP, en grande partie à cause du piratage massif des logiciels de Microsoft.

Une base Red Flag pour l'OS souverain chinois ?  

La Chine a longtemps été en désaccord avec les entreprises de technologie étrangère, en particulier Microsoft et Google - mais aussi parfois avec Apple - quant à leur impact et leur influence dans le pays. Mais l'animosité a considérablement augmenté le mois dernier lorsque les organismes de réglementation antitrust chinois se sont attaqués à plusieurs bureaux de Microsoft, saisissant des ordinateurs et des documents dans le cadre de leur enquête. Cette dernière a été déclenchée suite aux plaintes déposées en juillet 2013 sur la façon dont Microsoft Windows et Office sont liées et sur la compatibilité entre Windows et Office.

La Chine travaille sur un son propre système d'exploitation depuis près de quinze ans. Lancée en aout 1999, la distribution Red Flag Linux avait été en partie financée par le ministère de l'Information du gouvernement. La même année, Red Flag avait été préconisée en remplacement de Windows 2000 sur tous les PC du gouvernement. Les tensions de l'époque entre le gouvernement chinois et Microsoft étaient à l'origine de cette directive. Mais cette distribution locale n'a jamais décollé, et la société à l'origine de cet OS chinois - Red Flag Software  - a fermé ses portes cette année. Mais Red Flag - le système d'exploitation, pas l'entreprise - va être ressuscité.

Dans un rapport publié le mercredi 20 août par le MIIT, on peut noter l'acquisition des actifs de Red Flag Software par Penta Wan Jing Information Technology Industry Group pour 38,62 millions de yuans (6,3 millions de dollars). Ce rebondissement a également été acté par M. Ni, qui a approuvé l'acquisition de Penta Wan Jing et déclaré qu'une distribution Red Flag revitalisée pourrait contribuer au projet de créer un système d'exploitation souverain.