Huawei devient persona non grata à la Commission européenne. Sous le coup d’une enquête pour corruption auprès du Parlement européen menée par la police fédérale belge depuis le mois dernier, le spécialiste chinois des réseaux télécoms ne pourra plus compter sur ses lobbyistes pour promouvoir auprès des députés européens ses solutions et services. « La Commission ne rencontrera pas les groupes de pression et/ou les associations commerciales qui représentent les intérêts de Huawei et/ou parlent en son nom », a déclaré mercredi le porte-parole du service de la Commission européenne à Politico.

Cette décision va plus loin que l'interdiction annoncée de tous contacts et réunions avec des responsables de la société chinoise de mars 2025, puisqu'elle s'étend désormais à « tout intermédiaire agissant au nom de Huawei qui s'engagerait dans des réunions et d'autres contacts avec le personnel de la Commission pour promouvoir les intérêts de l'entreprise. » Selon notre confrère, au moins huit personnes ont été inculpées par le procureur belge pour corruption active, blanchiment d'argent et organisation criminelle, à la suite d'une série de perquisitions effectuées en Belgique, en France et au Portugal. Huit membres du Parlement européen sont notamment soupçonnés d'avoir perçu 1 500 € pour avoir co-signé une lettre défendant les intérêts de Huawei dans la 5G en 2021 envoyée à trois commissaires européens.

L'interdiction des terminaux Huawei au Parlement et à la Commission européenne en question

Huawei est membre de 22 associations listées dans le registre de transparence tenu par l'Union européenne dont certaines comme DigitalEurope, BusinessEurope et le Forum européen de l'Internet qui ont arrêté toute relation avec lui. D'autres réfléchissent à le faire et indiquent « surveiller la situation. » L'Organisation européenne de cybersécurité (ECSO) devrait déclarer ce 29 avril si elle continue ou pas ses relations avec Huawei. De son côté la GSMA, association qui représente les plus grands fournisseurs de téléphonie mobile, a maintenu Huawei en tant que membre et expliqué qu’elle ne « commenterait pas les enquêtes en cours menées par des tiers. ».

Le Parlement et la Commission envisagent par ailleurs d'interdire complètement l'utilisation des terminaux du fournisseur chinois sur leurs réseaux et applications internes. Bien que certains appareils aient déjà été limités à un usage professionnel, il n'existe toujours pas de règles claires concernant leur utilisation générale dans les locaux de l'UE. Le 20 mars dernier, 41 membres du Parlement européen ont exhorté dans une lettre la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, à étendre l'interdiction à tous les terminaux de l'entreprise chinoise, à l'instar de ce qui s'est passé avec TikTok en 2023. « La société maintient une position de tolérance zéro à l'égard de la corruption. Comme toujours, nous nous engageons à respecter toutes les lois et réglementations applicables », avait expliqué Huawei dans une précédente déclaration.