La variété et la couverture métiers des solutions sur le marché, l’ouverture des architectures (API), le Saas, le Cloud, font que, progressivement, le patrimoine technique qui porte le système d’information, n’appartient plus à l’entreprise mais se présente comme un service loué, presque banalisé. Pour cette raison, le patrimoine de données circule (ou circulera) entre les solutions parfois au grès du business. Si l’on se projette à 5 ou 7 ans en matière de système d’information, la donnée sera le principal sinon le seul actif valorisable.

Bien évidement nous n’en sommes pas là, quantité des systèmes sont propriétaires et fonctionnent encore sur des technologies anciennes. Cet état ne doit pas masquer « la marche de l’histoire ». Nombre d’initiatives sont lancées par les métiers qui, ignorant parfois les DSI, font appel à des startup lesquelles fournissent un service en Saas : plus de projet compliqué, une solution rapidement disponible, qui répond aux besoins, un partenaire à l’écoute… et une DSI désemparée dès lors qu’il faut intégrer une solution inconnue au format de données pas compatible et des cycles de fonctionnement non maitrisés… sans parler de la sécurité.

Des nouveaux enjeux face à un métier en mutation

Historiquement structurée autour de la gestion d’un système d’information « compact », la DSI va devoir se confronter au changement de paradigme que représente d’une part, la perte de propriété et de maîtrise des solutions et d’autre part, l’importance croissante de la donnée. Faute de quoi elle sera, au mieux, ostracisée, au pire, elle disparaitra diluée dans les métiers.

- La sécurité des données et des solutions, d’autant plus fondamentale que les « prédateurs » vont, eux aussi, changer de paradigme profitant des opportunités offertes par la circulation obligatoire des données et l’éparpillement des solutions plus ou moins sécurisées. La pérennité des solutions et des acteurs est elle aussi une thématique de sécurité à considérer ;

- La maîtrise des architectures : l’hétérogénéité peut être source de richesse pour autant que les solutions soient mises en cohérence avec une vision architecturale d’entreprise et que l’articulation technique des flux soit performante et sécurisée ;

- L’agilité. Elle relaie le « time to market » des métiers et emporte la capacité à muter rapidement vers de nouveaux modes de fonctionnement et de nouvelles solutions ;

- Le juridique. Cette dimension, dont le RGPD nous donne une idée, va prendre une importance croissante notamment en matière de propriété et d’usage des données mais aussi de qualité et de continuité des services assurés par des tiers ;

- Les compétences : le changement de paradigme pousse certains métiers de la DSI vers la porte et favorise l’apparition de nouveaux : sécurité, architectures d’entreprise et de données, service delivery management, … . De façon générale, la double compétence système d’information / domaine métier est la clé pour l’avenir ;

- La gouvernance. Les données, le service delivery, l’innovation, la sécurité, les compétences … sont autant de thématiques qui nécessitent que soient posés et partagés des cadres de gouvernance.

Les transformations, poussées par les nouvelles solutions et offres de services, imposent aux DSI de « disrupter » leurs modèles de fonctionnement. Cette mutation peut se faire en positionnant les actions appropriées sur les différents enjeux. Elle sera d’autant plus efficace qu’elle s’accompagnera d’une posture qui revendique la production de valeur ajoutée.

La DSI est morte, vive le DSI

Les outils qui permettent de nouveaux usages sont devenus les vecteurs de business. Les métiers l’ont compris. Quel DSI n’a pas été confronté à la mise en place « sauvage » d’une solution ? Il est illusoire de s’y opposer. La coproduction du business avec les métiers est une voie « disruptive » dans laquelle doit s’inscrire la DSI pour réaliser cette mutation. Certains l’ont déjà compris, l’innovation, la mise en place de labs, les nouvelles méthodes de travail qui favorisent la transversalité (agile) … sont des jalons sur cette voie. Cela dit, nous en sommes encore loin. Le facteur culturel est sans contexte le plus difficile des obstacles à franchir tant pour les métiers qu’au sein même des DSI.

La DSI telle que nous la connaissons depuis 40 ans, telle qu’elle est organisée et qu’elle fonctionne vit probablement sa dernière décennie. Les transformations qui s’imposent à elle sont inéluctables. L’avenir est donc à écrire. Il fera du système d’information et de ses données un générateur de business et de valeur et de son pilote un acteur de la croissance.

Chronique écrite par Pascal Wronski, DSI de Saint Maclou