Vainqueur du championnat de France en 2018, le Castres Olympique est clairement regardé à la loupe par ses adversaires, y compris sur l’aspect numérique. Les grosses écuries du Top 14 disposent pour la plupart d’une stratégie digitale interne et externe. Quel est alors le petit plus qui mène l’équipe tarnaise au firmament ?
La recette de la transformation numérique du Castres Olympique passe d’abord par un homme, Christophe Urios, directeur sportif. A son retour en 2015, il insuffle cette recette comprenant de multiples ingrédients. Le premier est essentiel pour le reste : le réseau. Dans ce cadre, le club a été accompagné par IMS Networks, spécialiste local de l’infogérance des infrastructures télécoms. Il a créé une infrastructure réseau basée sur la fibre pour irriguer quatre sites majeurs : le stade Pierre Fabre, le centre d’entraînement du Lévézou, le siège social du club et un datacenter d’IMS Network donnant un accès au cloud.
Julien Rueda, responsable du développement du CO, montre l'intérêt du WiFi pour analyser la vidéo du match sur une tablette. (crédit : J.C.)
Un stade connecté, des usages développés
Au sein du stade, le partenaire a équipé l’enceinte de réseau WiFi indoor et outdoor avec des bornes Huawei. Pour Julien Rueda, responsable du développement du CO, les objectifs étaient multiples : se servir de l’analyse vidéo pendant les matchs (cf photo), utiliser un drone pour les entraînements, améliorer le travail de la tribune presse, animer une communauté sur les réseaux sociaux, lancer une billetterie et une boutique en ligne. Le responsable réfléchit déjà à d’autres initiatives informatiques comme la mise en place d’un CRM et le déménagement vers de nouveaux locaux, l’équipe réseaux d’IMS Networks est prévenue.
Mais c’est au centre d’entraînement que la fibre a révolutionné les usages. L’année dernière, une fibre a été tirée sur 3 kilomètres depuis le réseau Orange installé dans une zone d’activité proche. Les différents bâtiments ont également été reliés en fibre. Ces travaux ont été orchestrés par IMS Networks. Le côté révolutionnaire n’est pas un vain mot à en croire l’entraîneur des ¾ , Joe Al Abd, qui aime bien télécharger plusieurs matchs des adversaires avant une rencontre. « Avant cela prenait quasiment 6 heures pour télécharger un match, aujourd’hui quelques minutes », se souvient-il et d’avouer être allé au McDo du coin pour profiter du WiFi et télécharger plus rapidement.
Avec la fibre, la vidéo a fait un pas de géant sur les terrains du centre d’entraînement : drone, caméra haute définition Axis sont devenus les alliés des préparateurs physiques et des tacticiens. Mathieu Axisa, analyste vidéo, est un homme heureux en étant chargé de scruter les entraînements pour observer la progression des joueurs. Le gain de bande passante facilite l’analyse des différents enchaînements qui sont disséqués et restitués aux joueurs via leur compte Dropbox. Julien Rueda voit quant à lui les demandes en stockage augmentées, avec aujourd’hui une capacité de 4 To. Autre bénéfice de la fibre, l’accès facilité à la base de données des matchs pour étudier de manière extrêmement fine et granulaire les différentes phases de jeu.
Une application maison pour la préparation physique
Du côté des préparateurs physiques, la vidéo est certes un atout, mais le numérique passe notamment par le GPS et par l’analyse des données. Vincent Giacobi, directeur de la performance, a importé son expérience acquise dans les pays anglo-saxon en élaborant un contenu de travail (performance, cardio, récupération) depuis des indicateurs techniques (poids, vitesse,…) et de ressentis (sommeil, système nerveux,…). Pour cela, il travaille en collaboration avec Julien Rebeyrol, préparateur physique en charge des GPS, qui a rendu l’ensemble des données accessibles aux joueurs (cf photo).
Julien Rebeyrol, préparateur physique en charge des GPS, a développé une application pour rendre les données accessibles aux joueurs. (crédit : J.C.)
« On avait beaucoup d'informations sous Excel et j’ai codé une application en VBA pour apporter les données aux joueurs sur des tablettes et consultables aussi chez eux via Dropbox », explique Julien Rebeyrol. Les joueurs ont très rapidement trouvé l’intérêt de cet outil comme nous l’indique Baptiste Delaporte, troisième ligne du CO, « sur mon mobile, je peux regarder les entraînements réalisés et voir si je respecte mes objectifs de performance. Parfois, j’ai l’impression d’être moins bien sur un entraînement et je peux le constater sur mon historique ».
Pour les moins technophiles, Julien Rebeyrol a son petit truc, il intègre des sons ou des images humoristiques à chaque fois que les joueurs cliquent sur leur photo afin de renseigner sa fiche et connaître le contenu de leur séance. Une manière de rappeler que le rugby est comme le définissait le cinéaste Louis Malle, « une comédie humaine pleine de sensibilité, d'espérances et de déceptions, de rires et de larmes ».
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