Les avertissements sur résultats dus à l'épidémie de coronavirus touchent maintenant plusieurs industries et particulièrement celle de l'IT. En une dizaine de jours, trois acteurs de premier plan du secteur ont fait savoir que leurs ventes seront moins bonnes qu'attendues. Apple est le premier à avoir tiré la sonnette d'alarme. Le 18 janvier, la firme à la pomme a fait savoir qu'elle ne réaliserait pas les 58 à 62 Md$ de chiffres d'affaires sur lesquels elle tablait pour son deuxième trimestre fiscal, qu'elle clôturera en mars. « La production reprend à travers le pays [Ndlr : la Chine], mais nous enregistrons un retour à la normale plus long que prévu », indique l'entreprise dans un communiqué. Cette reprise lente va affecter momentanément ses exportations d'iPhone vers le reste du monde où la demande reste forte. A l'inverse, le coronavirus a entraîné une baisse des achats en Chine où le fabricant réalise 15% de son chiffre d'affaires global. S'y ajoute le fait qu'Apple peine à répondre aux consommateurs locaux désireux d'acquérir un de ses smartphones à travers son réseau de magasins locaux. La majeure partie d'entre eux est encore fermée et ceux qui ont rouverts fonctionnent pour l'heure dans des tranches horaires réduites.

Microsoft doublement touché par les effets de la crise sanitaire

Les difficultés des chaînes de production de produits électroniques touchent également Microsoft. Le 26 février, la firme de Redmond a emboité le pas à Apple en annonçant qu'elle n'atteindrait pas non plus les objectifs qu'elle s'était fixés pour son troisième trimestre fiscal. L'entreprise, dont les revenus trimestriels devaient être compris entre 10,75 Md$ et 11,15 Md$, ne précise pas dans quelle mesure ils seront inférieurs. C'est précisément son activité dans l'informatique personnelle, celle qui intègre notamment Windows OEM et la tablette Surface, qui souffre. « Bien que nous enregistrions une forte demande pour Windows, conforme à nos prévisions, les chaînes de production reprennent du service plus lentement que nous ne l'avions prévu au moment de la publication de nos résultats du second trimestre », indique Microsoft dans une communiqué. A la différence d'Apple, Microsoft est doublement impacté par les difficultés dans la chaîne de production chinoise. Comme la firme à la pomme, il peine à faire fabriquer suffisamment d'exemplaires de ses tablettes et de ses laptops Surface. Mais il est aussi touché par les difficultés identiques dont souffrent les fabricants de PC à qui il vend ses licences Windows en OEM.

Nutanix enregistre une baisse de la demande de ses clients

Les déboires d'Apple et de Microsoft ne doivent pas laisser croire qu'il est nécessaire d'être client des usines chinoises lorsqu'on est un acteur de l'IT pour subir les conséquences de la crise du coronavirus. Le cas de Nutanix en est l'illustration. Le 26 février, l'éditeur spécialisé dans le cloud d'entreprise a lui aussi annoncé que l'épidémie aurait un (léger) impact sur son chiffre d'affaires du deuxième trimestre 2020. Pour l'ensemble de l'exercice en cours, il devrait dégager entre 1,29 et 1,36 Md$ de revenus contre les 1,3 à 1,4 Md$ initialement attendus. Ce dont souffre Nutanix, c'est d'une demande moindre de ses clients justement induite par la crise sanitaire en cours. « Si l'on regarde l'impact du coronavirus en général et les marchés qu'il touche, on voit qu'il s'agit du retail, du transport, de la production manufacturière, de l'hôtellerie et de l'hébergement, du voyage, entre autres. C'est une sorte d'effet d'entraînement », estime Duston Williams, le DAF de Nutanix.

Le français 2CRSI en manque de composants

Les fournisseurs IT américains ne sont pas les seuls à pâtir des effets du coronavirus. Des cas existent aussi en France. Le 26 février, le fabricant de serveurs haute performance sur mesure 2CRSI a lui aussi indiqué que son activité devrait être négativement impactée par les problèmes de production en Chine. Certes, l'entreprise ne réalise que 1% de ses ventes dans ce pays et privilégie en outre une fabrication locale de ses équipements. Elle ne peut néanmoins se passer des composants qui y sont produits et dont la raréfaction a en outre fait monter les prix. Or, même si elle a pour coutume de constituer des stocks en prévision du nouvel an chinois, période où la production ralentit traditionnellement, ceux-ci ne semblent pas être suffisants pour faire face à cette crise sanitaire exceptionnelle par son ampleur et sa durée.