Le site Hellomerci, créé fin avril à mi-chemin entre prêt solidaire et finance participative, inspire les internautes désireux de financer des projets du quotidien ou entrepreneuriaux, sans avoir recours au prêt bancaire. « Faire un prêt pour 220 euros, ça n'a pas beaucoup de sens », explique Jonathan Fallon, violoniste de 27 ans qui a utilisé Hellomerci pour remplacer l'archet cassé de son instrument. En moins de trois heures, il a réuni la somme auprès de ses contacts avertis par mail. Dès le mois suivant, Jonathan Fallon les remboursera et le site sera rétribué par une commission de 3% sur l'emprunt.

Jusqu'ici le « crowdfunding » concernait surtout des projets artistiques et humanitaires. Le premier domaine fonctionne avec un système de dons sur des plateformes comme Ulule et Kisskissbankbank. Le second consiste en des prêts solidaires, via Babyloan ou Kiva, et sont souvent tournés vers l'international.

Plus proche d'Hellomerci, le site britannique Zopa a été pionnier en lançant en 2005 le prêt désintéressé entre particuliers. « On n'a pas la prétention de remplacer les banques », explique Vincent Ricordeau, cofondateur du site sur lequel on peut emprunter des sommes allant de 200 à 15 000 euros. « Mais on peut combler certaines carences » et « donner envie d'aller au bout d'un projet », ajoute ce quadragénaire qui est aussi à la tête de Kisskissbankbank.

Hellomerci se distingue de ce précédent projet puisqu'il s'agit de prêts qui ne sont pas forcément solidaires ou artistiques. « Sur Hellomerci, vous pouvez demander de financer une usine de roulements à billes », s'exclame Vincent Ricordeau, « mais il faut que votre projet soit validé par votre communauté ». Deux mois après le lancement du site, 13 porteurs de projets ont bouclé leur budget et 23 sont en cours de collecte pour financer notamment une remorque réfrigérée, une table tactile, un studio d'enregistrement ou une boulangerie.

Comme Barack Obama


Pour convaincre de l'intérêt des projets, le site a soigné sa mise en page avec larges photos et portrait des emprunteurs. Il s'inspire des réseaux sociaux et donne la possibilité de voter pour la « fiabilité » ou « l'utilité » d'un projet. « C'est ludique d'impliquer les gens de cette manière », assure Isabelle Reveret, après avoir récolté 1 200 euros pour sa boutique qui transforme des bâches de piscine en sacs à main. La jeune entrepreneuse a réussi à mobiliser 20 prêteurs, sans compter son grand-père qui a envoyé un chèque par la Poste pour la soutenir.

Un apiculteur drômois, Christophe Varloud, a lui fait appel à Hellomerci pour financer l'achat de nouvelles ruches. « Je savais que Barack Obama avait financé sa campagne électorale grâce au crowdfunding, mais j'étais loin d'imaginer que ça pouvait me concerner », s'amuse-t-il. Il n'a pas pu boucler son financement, se heurtant à un problème de génération dans son entourage, parfois réticent à utiliser sa carte de crédit sur internet. Mais son passage sur le site lui aura au moins fait de la publicité. L'argent avancé a été remboursé sans frais aux prêteurs, comme chez KissKissBankBank.

« On veut donner une chance à tout le monde », insiste Vincent Ricordeau, pour qui la clé du succès est de ne pas avoir peur de l'échec. Les statistiques sont plutôt favorables: sur 22 collectes achevées depuis le lancement de Hellomerci, 13 ont réussi, soit 59%.

Ce taux de confiance des prêteurs est aussi ce qui a séduit Elie Dahan, porteur d'un projet basé à Lyon. « Les banques partent du principe que vous allez vous planter », regrette-t-il. Avec le crowdfunding, les financeurs bénévoles sont plus enclins à prendre des risques. « Même s'ils ne touchent pas de royalties, ils savent que leur argent est placé dans un projet utile ».