« La bataille du cloud n’est pas perdue », a répété à plusieurs reprises Cédric O, secrétaire d’Etat en charge de la transition du numérique à l’occasion de la présentation du volet industriel du plan cloud. Avant d’ajouter que « cette bataille n’est pas simple et qu’elle prendra du temps ». Cette annonce a été réalisée dans les locaux d’OVHCloud, qui a fait une entrée réussie en bourse et a obtenu le label SecNumCloud de l’Anssi pour son offre de cloud privé. Afin d’éviter tout procès d’intention de privilégier un acteur particulier - OVH en l'occurence -  Cédric O a salué d'autres initiatives françaises comme Outscale, Oodrive ou encore Scaleway.

Il a ensuite dévoilé le plan de soutien à la filière cloud pour faire « naître un ou des champions du cloud français et européens ». L’enveloppe totale annoncée est de 1,7 milliard d’euros sur 5 ans comprenant des financements publics (à hauteur de 667 M€), privés (à hauteur de 680 M€) et européens (444 M€). A noter que l’engagement public est financé par le 4ème programme d’investissement d’avenir (PIA4) et le plan de relance. 533 M€ seront mobilisés en 2021-2022 et 134 en 2023 et les années suivantes.

La ventilation des investissements publics, privés et européens. (Crédit Photo: ministère de la transition numérique)

Un effort sur l’edge computing

Dans le détail, le secrétaire d'Etat a fortement insisté sur l’edge computing « qui est au centre des innovations comme l’industrie 4.0 ou la voiture connectée ». Il a évoqué à cette occasion le projet mené par un consortium comprenant le CEA, l’IMT, l’Inria, Schneider, Atos, Valeo, Veolia,… pour réaliser une plateforme edge computing pour l’IoT industriel. Sur un sujet similaire, Platform.sh sera en charge de créer une solution d’optimisation des ressources énergétiques dans un réseau edge-cloud.

Parmi les autres projets, on peut souligner l’intérêt pour la création des jumeaux numériques pour la smart city, un projet notamment soutenu par Gandi et Telecom Sud Paris. Sur l’IA, un hub comprenant 6 000 modèles d’algorithmes sera mis à disposition par OVHCloud. Une plateforme cloud est aussi annoncée pour le calcul haute performance via le Genci, Atos, Qarnot Computing, etc. Enfin, un catalogue de solutions PaaS et SaaS reposant sur une infrastructure SecNumCloud est en préparation avec la participation d’acteurs comme Outscale, Jamespot, Rhode & Schwarz ou Stormshield.

Des outils collaboratifs et un accompagnement pour le label cloud de confiance en prévision

Sur la partie outils collaboratifs, le secrétaire d’Etat a indiqué qu’un nouvel appel à manifestation d’intérêt sera ouvert dans les prochaines semaines. Par ailleurs, début 2022, un appel à projet sera lancé pour soutenir des programmes de R&D. Enfin, le gouvernement travaille avec les acteurs pour créer un dispositif d’accompagnement pour obtenir le label cloud de confiance. Un effort auquel Michel Paulin, directeur général d’OVHCloud est prêt à participer.

Le volet formation n’est pas oublié avec une enveloppe de 30 M€ pour obtenir les compétences nécessaires au cloud. La recherche bénéficiera d’un budget de 66 M€ avec des programmes portant sur les domaines du matériel au logiciel, de la consommation d’énergie au développement de nouvelles architectures, de la cybersécurité et à l’intelligence artificielle.

L’ensemble de ces annonces viennent compléter la stratégie cloud de l’Etat dévoilée en mai dernier. Il reste maintenant à passer de la théorie à la pratique, a rappelé sans ambages Michel Paulin, « il faut maintenant une exemplarité dans le passage des commandes aussi bien dans le privé que dans le public ». Il précise aussi que la bataille se gagnera au niveau réglementaire européen « en intégrant le cloud au sein du Digital Market Act (DMA) ». Un texte soumis à un fort lobbying des acteurs américains du cloud.