2019 semble être l’année de démocratisation de l’intelligence artificielle et de sa promotion massive à l’échelle publique. Réuni en convention plénière la semaine dernière, le Parlement européen s’est attelé à une résolution autour des déploiements de solutions utilisant l’IA et leur utilisation par les citoyens de l’Union européenne. Dans sa résolution, l’institution développe ses conseils pour créer un cadre juridique claire aux prochains déploiements.

Et de constater d’une part que « comme lors des révolutions technologiques précédentes, certains emplois seront remplacés mais que de nouveaux emplois seront également créés ». C’est l’un des points incessamment rappelés quand on parle d’IA et le Parlement souhaite s’assurer que la transition se fasse en douceur. Et invite les États membres à favoriser la reconversion des travailleurs des secteurs les plus touchés par l’automatisation des tâches et qu’à développer des programmes de formation professionnelles dédiées. Des « programmes d’alphabétisation numérique dans les écoles » sont aussi encouragés. Le Parlement insiste aussi sur la nécessité « d’une large consultation des partenaires sociaux, car l’éventuelle mutation du nombre de personnes travaillant dans l’industrie requiert la mise en place de politiques proactives visant à aider les travailleurs à s’adapter aux nouvelles exigences ».

La sécurité avant tout

L’organe législatif européen est conscient que l’intelligence artificielle peut être aussi utilisée à des fins malveillantes, pour mener des attaques à grande échelle. Et préconise donc que la recherche consacrée à l’IA s’attache également à repérer les cas où l’IA et la robotique peuvent être corrompues, que ce soit accidentellement ou par malveillance. L’utilisation de « bacs à sable réglementaires » spécifiques à l’IA est, en ce sens, encouragé par le Parlement pour tester la sécurité et l’efficacité de ces technologies dans un environnement réel.

Et alors que la 5G arrive à grands pas, le développement rapide d’un réseau sûr « est essentiel pour garantir que l’Union puisse tirer pleinement avantage de l’IA » selon les parlementaires. Ces derniers se préoccupent enfin fortement de l’emploi de la reconnaissance faciale et vocale dans des programmes de « surveillance des émotions », tels que ceux déjà mis en œuvre en Chine, par exemple, et « souligne que ces programmes sont par nature contraires aux valeurs et aux normes européennes de protection des droits et des libertés des individus ».

Les chercheurs de l’UE moins rémunérés que les autres

Dans la lignée du programme pour une Europe numérique et du budget de 2,5 milliards d’euros consacré à l’intelligence artificielle, le Parlement appelle les Etats membres à attirer davantage les talents pour leurs entreprises en leur offrant des conditions plus attrayantes qu’actuellement. « Les chercheurs de l’Union continuent d’être nettement moins rémunérés que leurs homologues américains et chinois et qu’il est connu que cela constitue la principale raison de leur exode » peut-on lire dans la résolution. Comme lors du AI France Summit, cette semaine, le Parlement avait déjà dressé une liste des secteurs clés dans le déploiement de l’IA. On retrouve bien sûr les mêmes, à savoir le Public et la Santé en tête de liste, suivis de l’Energie, des Transports, de l’Agriculture et de la cybersécurité.

Le Parlement demande ainsi à la Commission européenne de « réévaluer régulièrement la législation en vigueur afin de s’assurer qu’elle soit adaptée à [ces] objectif[s] en ce qui concerne l’IA, tout en respectant les valeurs fondamentales de l’Union, et, le cas échéant, de s’efforcer de modifier les propositions en question voire de les remplacer lorsqu’il s’avère que ce n’est pas le cas ». Un cadre stratégique qui encourage la conception de tous types d’intelligence artificielle – pas uniquement celle de systèmes fondés sur l’apprentissage profond, particulièrement gourmand en données – doit être mis en place. Enfin l’institution demande la création d’une charte éthique des bonnes pratiques en matière d’IA et de robotique à suivre par les entreprises et les experts.