En direct de San José - A l’origine simple fournisseur de disques durs et de NAS moyenne gamme, Western Digital a patiemment tissé sa toile pour arriver à concurrencer les grands noms du secteur sur le marché du stockage pour datacenters. Cette transformation s’est réalisée grâce à des rachats plus ou moins judicieux (HGST pour les disques durs de classe entreprise, Amplidata pour le stockage objet, Fusion IO pour l’accélération flash, SanDisk pour les JBOD et plus récemment Tegile pour les baies flash) et des recrutements appropriés comme Phil Bullinger (ancien d’EMC/Isilon et aujourd’hui SVP datacenter systems chez Western Digital) et Martin Fink (ancien de HP et désormais CTO de Western Digital ) pour réussir à assembler un pertinent lego dans le stockage.

En quelques années, Western Digital a réussi à construire une gamme de baies fichiers, blocs et objets pour le stockage. (crédit : S.L.)

Lors d’un point presse à San José, dans les anciens locaux de HGST en fait, Western Digital nous a présenté sa stratégie et sa feuille de route dans le domaine du stockage pour datacenters. Toutes les marques issues de précédents rachats vont progressivement disparaître – c’est déjà le cas pour certaines – et seul Western Digital subsistera pour les solutions entreprises. SanDisk devrait continuer à survivre pour la distribution et le marché des PME-PMI, nous a confié un responsable de Western Digital. Une volonté de clarifier le positionnement de la société qui réalise encore une grande partie de son activité dans les disques durs et les composants flash, grâce à ses parts dans l’ancienne division composants de Toshiba.

Des disques durs au stockage objet

Avec ses derniers rachats, Western Digital entend proposer des solutions pour les entreprises et les clouds providers. Avec pour commencer un serveur 4U dédié au stockage baptisé Ultra star Serv60+8 avec une soixantaine de disques durs (UltraStar est une gamme de disques durs chez WD) et jusqu’à huit SSD Sata, SAS ou NVMe pour créer un espace cache pour les metadata ou les données les plus demandées. Ces baies hybrides, qui reposent sur une paire de puces Intel Skylake (Xeon 4114, 5118 ou 6140), se destinent au big data et au software defined storage. A classer dans la catégorie commodité, ces serveurs peuvent accueillir la solution de stockage scale-out ou de back-up de plusieurs fournisseurs du marché qui apportent leurs fonctionnalités de tiering, de déduplication et de compression. Si Western Digital annonce 195 To de capacités brutes par unité rack, une JBOD - sans contrôleurs donc - est également proposée en complément par Western Digital pour accroître le stockage.

L'OS embarqué dans les baies flash et hybdrides de Western Digital était auparavant connu sous le nom Tegile OS. (crédit : S.L.)

En complément, le fournisseur commercialise des baies Intelliflash qui reposent sur la technologie développée par Tegile Systems. Rachetée en août 2017, cette start-up proposait des baies hybrides combinant flash et disques durs traditionnels avec des fonctions de déduplication, compression et snapshot mais également des systèmes full flash pour répondre à des besoins spécifiques (analytiques et opérations transactionnelles). Aujourd’hui, Western Digital met en avant les fonctions analytiques prédictives pour mieux répartir les données en local et dans le cloud et la performance des modèles N5200 et N5800 qui arrivent avec, respectivement, 64 et 80 cœurs par paire Intel Xeon Skylake. La N5240 monte jusqu’à 645 To en capacité brute (92 To en NVMe et 553 To en SAS Flash, la N5280 1 200 To (184 et 1106), la N5840 630To (77 et 553) et la N5880 1 260 To (154 To en NVMe et 1 106 en SAS Flash). Le système d’exploitation Intelliflash OS inaugure des fonctions de copie et de migration d’une baie à une autre. Les protocoles SAN (iSCSI et Fibre Channel) et NAS (NFS, CIFS et SMB 3.0) sont supportés par ces baies, disponibles au quatrième trimestre de cette année.

Ancien CTO et directeur des labs de HP, Martin Finks est venu renforcer l'activité datacenter de Western Digital. (Crédit S.L.).  

Enfin la plateforme de stockage objet ActiveScale, issue du rachat d’Amplidata, s’étoffe avec le lancement de la baie scale-out X100 qui propose une capacité de stockage brute allant de 1 à 63 Po avec le support des protocoles NAS et AWS S3. Cette série vient renforcer le premier modèle commercialisé en novembre 2016 par Western Digital : l’ActiveScale P100, destinée tout particulièrement aux utilisateurs désirant bâtir une plate-forme de stockage cloud à moindre coût avec capacité de stockage brute variant de 720 To à 19 Po. Avec la X100, Western Digital annonce l’OS ActiveScale 5.3 qui fournit un accès unifié avec le support des modes fichier et objet, mais également la réplication vers le cloud pour plus de sécurité. Cette solution démarre avec au moins trois nœuds pour assurer la redondance des données avec l’erasure coding et l’allocation dynamique des données.

Avec ces annonces groupées, Western Digital entend rassembler sous une même marque, la sienne, toutes ses solutions de stockage destinées au datacenter. Un savant meccano monté avec le rachat de HGST en 2012, d’Amplidata en 2014, puis de SanDisk en 2015, qui avait déjà repris Fusion IO en 2014 et enfin de Tegile en 2017 pour faire court. Western Digital vient ici de frotter à des fournisseurs bien installés sur le marché, Dell EMC, HPE, NetApp ou encore IBM et des purs players comme Pure Storage, Cloudian, Scality ou Qumulo. Bien connu dans les entreprises pour son activité disques durs et SSD, Western Digital doit encore construire son image comme fournisseur de solutions de stockage et peut être ajouter une branche sauvegarde sur disques à l’ensemble. Voilà pourquoi la société a recruté des vétérans comme Phil Bullinger et Martin Finks pour porter la bonne parole dans les entreprises et les fournisseurs de services cloud de plus en plus séduits par les OMD (Original design manufacturer). Rendez-vous dans quelques trimestres pour mesurer la réussite de ce projet particulièrement ambitieux.