La valeur n’attend pas le nombre des années indique l’adage, mais pour Microcks il y a clairement une forte accélération ces derniers mois. En germe pendant plusieurs années, le projet open source « 100% dédié aux API » vient en effet d’être retenu pour faire parti du programme d’incubation Sandbox de la célèbre CNCF (Cloud Native Computing Foundation), accueillant déjà Kubernetes, Argo, Istio, OpenTelemetry, Helm ou Prometheus. Créé par Laurent Broudoux et Yacine Kheddache connus pour avoir travaillé ensemble chez Red Hat en tant que Solution Architect, Microcks intervient dans un domaine très précis, le test et le mocking des API.

Mocking et testing, l’assurance qualité des API

Si le premier terme est familier, le second demande quelques explications. Le mocking vient émuler ou simuler une API, une étape méconnue et pourtant importante dans le cycle de vie du développement d’une application. « Il s’agit d’une assurance qualité » souligne Yacine Kheddache. Ces API fictives intègrent des fonctionnalités de base pour mener des tests approfondis. « Microcks vient répondre à cette demande et a été conçu par des développeurs et pour des développeurs », rapporte le co-responsable du projet. La solution est disponible en mode cloud native sur les environnements Kubernetes. Elle s’intègre notamment avec Postman, un outil de développement d’API.

« Nous supportons un grand éventail d’API aussi bien des traditionnelles comme gPRC, GraphQL, Soap Webservices, OpenAPI, mais aussi des systèmes event driven comme les spécifications AsyncAPI ou CloudEvents et les collections Postman en JSON », précise Yacine Kheddache. « Par ailleurs, nous supportons plusieurs protocoles de messagerie comme MQTT, très utilisé dans le monde de l’Internet des objets, les serveurs WebSocket ou les brokers Kafka, mais aussi RabbitMQ, Google Pub/sub et AWS SQS et SNS », complète-t-il.

Microcks a une approche universelle sur le type d'API gérées. (Crédit Photo: Microks)

Microcks se focalise ensuite sur les contrats des API, avec « une documentation qui explique comme l’API fonctionne et fournit des engagements. A ce contrat s’ajoute des exemples, issus notamment des demandes métiers », glisse Yacine Kheddache. Le mocking permet de s’assurer que ces contrats soient à jour et réduit ainsi les boucles d’itération. Après l’étape du mocking vient celle du test « en récupérant l’ensemble des contrats et leurs versions en les éprouvant dans les différents pipelines de CI/CD », poursuit l’ancien solution architect de Red Hat. « Il faut garantir les promesses des API comme la compatibilité ascendante », ajoute-t-il.

Dans la cour des grands au sein de la CNCF

Interrogé sur les clients de ce type de solution, le dirigeant constate que la demande d’exposition des API explose dans différents secteurs : industriels avec l’IoT, mais aussi le secteur bancaire, le secteur public, les plateformes web, etc. « L’utilisation de la solution permet de gagner plusieurs mois sur le développement des API », rapporte Yacine Kheddache. Dans la roadmap du projet, l’équipe travaille pour porter la solution en mode standalone sur un PC portable, sur Docker Desktop ou sur des marketplace.

L’acceptation par la CNCF du projet dans le programme Sandbox est une véritable reconnaissance par la communauté open source. Cette annonce apporte de la visibilité, un soutien financier et incitera les développeurs à s’intéresser à cette solution. « Cela va rassurer sur la viabilité du projet et augmenter le nombre de contributeurs », se félicite Yacine Kheddache. Pour mémoire, ce programme d’incubation accueille une centaine de projets allant de la sécurité des conteneurs, à l’optimisation des configurations, aux bases de données. Une nouvelle page se tourne donc pour Microcks et concrétise des années d’effort réalisées par Laurent Broudoux et Yacine Kheddache.