Coup de canon dans la sphère HTML. Tim Berners-Lee, le patron di W3C, consortium en charge de la promotion et du développement des standards du Web, souhaite, dans un très elliptique billet baptisé "re-inventing HTML" (réinventer le HTML), restructurer en profondeur le groupe de travail HTML, dont les membres s'opposent depuis des années au sujet de l'évolution des spécifications (et notamment du xHTML 2.0). "Il est nécessaire de reprendre de façon incrémentale les évolutions du HTML, explique en substance Tim Berners-Lee. L'idée est de recomposer complètement un nouveau groupe qui travaillera aux améliorations incrémentales d'HTML, et en parallèle à xHTML 2.0, avec un chef de projet et des responsables distincts". Soit dissocier les activités (probablement en trois groupes) des "opposants" respectifs en leur donnant la possibilité de travailler de façon autonome. "Depuis un certain temps, deux camps indiquent qu'ils ne partagent pas les mêmes intérêts, ou pas exactement, du moins, commente Ian Jacobs, directeur communication du W3C. Plusieurs ont invoqué une "évolution vs revolution" pour décrire les objectifs différents". L'"évolution", c'est le camp des éditeurs de navigateurs, dont certains sont allés créer un groupe dissident concurrent du W3C, le WHAT WG (voir encadré). Ils militent pour un développement itératif du langage HTML et le respect de la compatibilité ascendante. Par opposition, la "révolution" est symbolisée par le camp des défenseurs du xHTML 2.0 car l'utilisation du langage nécessite de revisiter complètement le langage, s'ouvrant ainsi aux risques d'incompatibilité. "Pour certains, il est plus important de ternir compte de l'existant, avec l'ajout possible de certaines améliorations, plutôt que de sauter le pas en utilisant des nouveaux formats xHTML", résume Ian Jacobs. Pour Daniel Glazman, dirigeant de Disruptive Innovations, ancien du groupe de travail HTML et actuel membre du CSS WG, la cause est entendue: xHTML 2.0 est une norme bancale qui reste incompatible avec l'existant. "xHTML 2.0 est une spécification qui ne prend pas en compte la compatibilité ascendante." Pour résumer, une norme qui ne reprend pas ou prou les travaux d'HTML 4 et qui nécessite ainsi une réécriture complète des sites. Les éditeurs n'auraient de fait pas implémenter xHTML 2.0 dans leurs navigateurs, freinant ainsi l'adoption du langage par les développeurs. "La tentative de faire basculer tout le monde vers XML [...] n'a pas fonctionné, écrit Tim Berners-Lee. La plupart des développeurs n'ont pas suivi, principalement parce que les navigateurs ne faisaient pas la différence. Et d'ajouter: quelques communautés l'ont supporté et goûté ainsi aux joies des documents bien formés, mais ce n'est pas la majorité." Aujourd'hui, l'idée a fait son chemin. "Il y a bien des utilisateurs et un marché pour xHTML 2", confirme Ian Jacobs. Et un groupe de travail devrait y être dédié. Mais il reste que les travaux sur le langage se sont finalement pas exploitables, dans l'immédiat. "xHTML 2 n'est pas encore un standard", nuance-t-il. Une restructuration encore soumise à l'approbation des membres Pour autant, les dés ne sont pas jetés. Les axes de travail comme les étapes de cette restructuration sont encore floues- on parle notamment de prendre en compte les travaux sur WebForms du WHAT WG. "Si la restructuration proposée a pour but de permettre aux deux camps de travailler au sein du W3C en groupes de travail différents [...], la mission [...] sera celle d'enrichir xHTML 1.x [et peut-être aussi HTML -les spécifications d'HTML ont été figées en 1998 par le W3C pour les maintenir uniquement en mode errata, limité à la seule correction de bogues, ndlr]", déclare vaguement Ian Jacobs. Et pour cause. Pour l'heure, "il ne s'agit que d'un projet de groupe de travail qui, comme le formalise le W3C, doit être soumis au vote des membres du consortium, nuance Daniel Glazman. La présentation devrait être soumise aux membres fin novembre au Japon (on parle du 28), et devrait ainsi statuer sur le futur d'HTML". Et d'ajouter : "Reste à savoir comment vont réagir des gens comme IBM, qui ont investi dans xHTML 2.0. [Big Blue a reposé nombre de ses applications sur Xforms, ndlr]. Mais si la formation n'aboutissait pas, on assisterait probablement à une scission entre les éditeurs de navigateurs et le W3C; ce qui poserait un véritable problème de légitimité au consortium". En savoir plus Le billet de Tim Berners-Lee Le billet de Daniel Glazman Le site du W3C