En juillet dernier, l’association des fournisseurs de cloud européen (CISPE) a déposé un recours devant le Tribunal de l’Union Européenne visant à annuler l’aval donné par la Commission européenne à l’acquisition de VMware par Broadcom. Cette association qui regroupe les principaux fournisseurs européens d’infrastructure cloud souveraine, considère que cette décision était entachée d’erreurs de droit et d’appréciation économique. De même, aucune condition n’a été imposée à Broadcom alors que l’institution reconnaissait les risques de concentration excessive sur le marché de la virtualisation.

Aujourd’hui, elle donne un peu plus de détails dans sa réponse formelle à la juridiction. Elle indique notamment que le CEO de Broadcom, Hock Tan, s’est publiquement engagé à porter l’Ebitda du spécialiste de la virtualisation d’environ 4,7-5 Md$ à 8,5 Md$ dans les trois sans suivant la finalisation du rachat. Cela représente une augmentation de 60 à 80 % sur un marché où la croissance annuelle n’est que de 5 à 8 %. Selon le Cispe, une telle augmentation ne saurait provenir d'une croissance organique ou de gains d'efficacité, mais uniquement d'une monétisation agressive de la clientèle captive de VMware, via des hausses de prix importantes et des offres groupées imposées. On se souvient que Broadcom a mis fin aux licences perpétuelles pour créer des packages incluant différents services de VMware (stockage, réseau,...) avec à la clé une hausse sensible pour les clients.

Plusieurs alertes restées sans réponse

L’association éclaire aussi la structure du financement de l’opération. Broadcom a levé 28,4 Md$ de dettes et a repris environ 8 Md$ de dette existante de VMware pour financer le rachat. Pour le Cispe, ce montage a créé une forte incitation financière à extraire rapidement des liquidités de la base installée de VMware. De facto, il a renforcé le pouvoir du fournisseur sur le marché et a justifié économiquement des stratégies de prix agressives après le rachat.

Des pratiques anticoncurrentielles qui n’ont pas fait l’objet d’une analyse de la part de la Commission européenne lors de l’enquête sur l’acquisition. Pourtant, elle a été alertée à la fois par des associations professionnelles et des clients sur ces risques. Pire pour le Cispe, l’institution n’a pas imposé des garanties à Broadcom au titre du droit de la concurrence de l’UE. Francisco Mingorence, secrétaire général de l’association a indiqué dans un communiqué : « la Commission a examiné cette fusion avec une certaine complaisance ». La procédure devant le Tribunal va donc continuer en attendant les réponses de la Commission européenne.