En France, seulement un quart des ingénieurs en activité sont des femmes, et parmi les étudiants en sciences, seulement 30 % sont des jeunes filles, révélait récemment l'association Elles Bougent. Dans une étude publiée ce 28 mai, l’institut des politiques publiques (IPP) a cherché a expliqué les raisons de cette sous-représentation des femmes dans les écoles d’ingénieurs notamment les plus sélectives. Ces établissements recrutent sur concours et leur préparation exige deux à trois années en classe préparatoires (CPGE), rappelle l’IPP. L’organisme s’est donc attelé à identifier les raisons de ce manque de parité en réalisant une étude auprès des classes préparatoires scientifiques et des concours d’entrée aux grandes écoles d’ingénieurs en France.
Premier enseignement : alors que les femmes intègrent les CPGE scientifiques avec de meilleurs résultats scolaires que leurs homologues masculins, elles se retrouvent sous-représentées dans les écoles d’ingénieurs les plus sélectives. En effet, les inscrites en prépa ont obtenu en moyenne de meilleurs résultats au baccalauréat : 59 % ont décroché une mention « très bien », contre 47 % des hommes. Pourtant, à l’issue de ces deux à trois années d’études, elles représentent seulement 20 % des effectifs des 10 % des écoles d’ingénieurs qui sélectionnent sur concours.
Proportion de femmes selon le mode de sélection des écoles d’ingénieurs et leur niveau de sélectivité. (Source: institut des politiques publiques)
Un décrochage des filles en classes préparatoires étoiles
Selon l’IPP, cette sous-représentation s’explique en partie par une moindre performance des jeunes femmes le jour du concours, à notes égales en fin de prépa et à comportement de candidature équivalent. Un autre facteur explicatif réside dans le choix d’orientation des filles vers des filières qui envoient moins d’élèves dans les écoles d’ingénieurs les plus sélectives. Toutefois, le principal frein à la mixité dans les écoles d’ingénieurs résulte du renversement de l’écart de performance entre les sexes durant l’apprentissage en classes préparatoires.
Initialement en faveur du public féminin, celui-ci devient favorable aux hommes au cours de la première année de prépa et s’amplifie jusqu’aux concours. Cet écart s’accroît particulièrement dans les environnements les plus compétitifs, notamment dans les classes préparatoires étoiles - les plus dures - qui renforcent la dynamique de décrochage relatif des femmes.
Décomposition de l’écart de genre dans l’accès aux grandes écoles d’ingénieurs les plus sélectives. (Source: institut des politiques publiques)
Le fait d’être en classe étoile confère aux hommes un avantage relatif de 20 % par rapport aux femmes, souligne l'IPP. Cela intensifie la pression académique et tend à creuser les inégalités de genre en matière de réussite aux concours. Dès lors, l’IPP estime qu’améliorer la représentation féminine dans les écoles les plus sélectives suppose de repenser l’organisation de ces processus de sélection. Ce constat intervient alors que l'Etat se fixe comme objectif de renforcer la place des femmes dans les filières d'ingénieur et du numérique. La ministre de l'Education nationale, Elisabeth Borne, vise 50 % de filles en spécialité mathématiques en terminale en 2030 contre 42 % aujourd'hui.
Un léger biais de comparaison dans cet article. les critères d'obtention des mentions aux baccalauréat sont différents de ceux qui servent à passer les concours d'entrée aux grandes écoles. Il y a surpondération des matières non scientifiques (histoire, langue, philo, etc), qui ne servent à rien pour passer les concours. CQFD.
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