En 2020, les dépenses mondiales des entreprises en services d'infrastructure cloud ont dépassé pour la première fois les achats de matériels et de logiciels pour datacenters. Il semble qu'un changement similaire va se produire cette fois-ci à l'échelle de l'ensemble des investissements informatiques des entreprises au cours des trois prochaines années. D'après le cabinet d'études Gartner, en 2025, les dépenses des entreprises en services de cloud public devraient en effet dépasser les dépenses en IT traditionnelle. Cette prévision soulève toutefois quelques réserves, la principale étant que l'analyse de Gartner n'inclut que les « segments de marché adressables ». Plus précisément, l'étude du cabinet sur le « basculement dans le cloud » ne porte que sur les catégories de l'IT d'entreprise pouvant passer au cloud, en particulier les applications, les logiciels d'infrastructure, les services de processus métier et l'infrastructure système.

51% des dépenses IT auront basculé dans le cloud en 2025

Quoi qu'il en soit, on estime que d'ici à 2025, 51 % des dépenses IT dans ces quatre catégories auront basculé vers le cloud public, contre 41 % cette année. De plus, près des deux tiers (65,9 %) des dépenses en logiciels applicatifs seront orientés vers les technologies du cloud en 2025, contre 57,7 % en 2022. Selon l'analyse de Gartner, « cette année, les offres traditionnelles devraient représenter 58,7 % des revenus adressables, mais la croissance des marchés traditionnels sera beaucoup plus faible que celle du cloud ». Dans le même temps, la demande de capacités d'intégration, de processus de travail agiles et d'architectures composables par les entreprises devrait se traduire par un basculement continu dans le cloud, alors que les initiatives de transformation numérique et de modernisation à long terme ont été avancées à 2022. « Á cause du Covid-19, le passage au cloud n'a fait que s'accélérer au cours des deux dernières années, les entreprises s'étant adaptée à une nouvelle dynamique commerciale et sociale », a déclaré Michael Warrilow, vice-président de recherche chez Gartner.

1 300 Md$ de pertes potentielles de pour les tenants de l'IT non-cloud

Pour les fournisseurs IT traditionnels, ou en tous cas non engagés dans le cloud, plus de 1 300 Md$ de chiffres d'affaires sont en jeu cette année. Un montant qui pourrait passer à 1 800 Md$ en 2025. De plus, la perturbation actuelle des marchés IT par les produits et services cloud sera amplifiée par l'arrivée de nouvelles technologies, notamment le cloud distribué. L'adoption de dernier par les entreprises pourrait accélérer le changement de cap du cloud, car il permet d'introduire des services de cloud public dans des domaines qui n'étaient jusqu'à présent pas couverts par le cloud, ce qui élargirait le marché adressable.

Face à toutes ces évolutions, certains fournisseurs pourraient se retrouver demain dans une position délicate. « Les fournisseurs de technologies et de services qui ne parviennent pas à s'adapter au rythme de l'évolution du cloud risquent de plus en plus de ne plus être en phase avec la demande ou, au mieux, d'être relégués sur des marchés à faible croissance », a déclaré M. Warrilow. Mais il y a aussi des opportunités. Selon Gartner, s'ils veulent tirer parti des changements à venir, les fournisseurs de technologies et de services auraient intérêt à cibler les segments de marché où le passage au cloud est le plus dynamique. Ils pourraient également rechercher de nouvelles opportunités de cloud à forte croissance. Par exemple, dans les segments liés à l'infrastructure, le niveau de pénétration du cloud est plus faible et ils devraient croître plus rapidement que des segments comme celui des applications d'entreprise, déjà très investis. Au troisième trimestre de l'année dernière, Amazon Web Services (AWS), Microsoft et Google continuaient d'attirer plus de la moitié des dépenses mondiales liées au cloud, affichant des parts de marché respectives de 33 %, 20 % et 10 %.