Comparativement aux Sup de Co et autres étudiants en gestion, les élèves-ingénieurs (ou assimilés) sont plus enclins au cumul des diplômes. Voire au retour sur les bancs des campus après quelques années de vie active. C'est vérifié pour les études doctorales. Et la partie de l'enquête annuelle sur l'insertion des jeunes issus des grandes écoles dédiée aux diplômés de mastères spécialisés (MS) le confirme. Avec ce volet d'enquête ajouté, pour la première fois, à son étude traditionnelle, la Conférence des grandes écoles (CGE) entendait cerner autant que possible l'impact de ce complément d'études sur l'insertion professionnelle. Au vu du taux de réponses à l'enquête (12% des diplômés de mastères spécialisés de 2005), la synthèse de cette ébauche de radioscopie présentée par la CGE se veut plus qualitative - et générale - que quantitative. Et reste à affiner lors des prochaines éditions de l'enquête d'insertion. Ces précautions liminaires étant prises, selon l'analyse de la CGE, cette première enquête établit déjà une nette distinction des profils d'étudiants inscrits aux MS et de leurs « stratégies » selon le type d'école concernée : les MS préparés en école d'ingénieur s'adressent le plus souvent à un public ingénieur alors que ceux préparés en école de management s'adressent à un public de formation antérieure plus diversifiée (master, bac+4 et expérience professionnelle, école d'ingénieur ou de management). Le MS en école d'ingénieurs correspond de façon générale à une stratégie de spécialisation, et en école de management à une optique d'élargissement des compétences. Dans les deux cas, le taux d'insertion après MS dépasse les 85% (et 7% poursuivent leur activité antérieure). Avec un taux net d'emploi dépassant les 93%, l'effet MS sur l'insertion reste cependant difficile à évaluer puisqu'il est équivalent à celui des promos 2005 (deux ans après la sortie de l'école). Un élargissement des fonctions occupées La répartition des débouchés ouverts aux MS ne se distingue guère de celle des diplômés de formation initiale (bac+5). Les emplois occupés relèvent plutôt de grandes entreprises (plus de la moitié dans des firmes de plus de 2000 salariés), à un statut de cadre (95%), avec une proportion tout à fait comparable de diplômés trouvant un emploi à l'étranger (15%). Les trois grandes fonctions occupées pour les ingénieurs mastériens sont les fonctions de R&D, d'études-conseil et de production (40% des emplois, contre 48% pour les jeunes diplômés non mastériens). L'élargissement des fonctions occupées est plus net pour les diplômés des MS en école de management. Avec un élargissement également pour les secteurs d'activité des employeurs et des points de chute en termes de lieu géographique. Enfin, l'effet sur les salaires, là encore du fait du taux limité de réponses, est difficile à appréhender. Le salaire actuel moyen est de 35 740 euros, quasiment identique pour les MS ingénieurs ou les MS de management. Avec l'habituel delta entre hommes (36 500 euros) et femmes (34 100 euros). Le diplômé MS-type gagne 7 % de plus que les diplômés bac+5 de 2005, 13% de plus que les diplômés bac+5 de 2006. Mais sachant que ces candidats aux mastères correspondent à une population mélangée (2/3 en poursuite de formation initale, 1/3 en reprise d'étude), il est vraisemblable que cette moyenne des salaires soit tirée vers le haut par les plus expérimentés. « Il semblerait que le salaire moyen des jeunes MS sortants soit de même niveau que celui des sortants de formation initiale bac+5 », conclut l'analyse de la CGE. Pas d'effet salaire bien net, donc, alors que le « plus » apporté au CV se traduit dans l'intérêt des employeurs à accueillir ces bac+5/+6 à des fonctions plus diversifiées.