Alex Russell, ingénieur logiciel travaillant sur le navigateur Chrome et créateur du framework DoJo Javascript a expliqué lors de la conférence EclipseCon à Reston en Virginie, « nous arrivons à un moment où le web se transforme en plateforme d'exécution intégrée d'éléments concrets ». Il ajoute que malgré sa popularité, le web ne propose que des capacités de programmation relativement primaires, par rapport à d'autres plateformes pour la délivrance d'applications comme Java ou Windows de Microsoft. L'inconvénient majeur des technologies web est qu'elles ne reposent pas sur « un socle commun d'éléments », ce qui ralentit les tests de code et sa réutilisation.

Google travaille sur un certain nombre de projets différents pour apporter quelques concepts d'ingénierie avancée sur le web, a déclaré Alex Russell. L'idée est d'introduire des éléments de contrôle sur les couches basses sans toucher à la brique web, ce qui risque de perturber les programmeurs débutants. « Nous tirons ainsi les leçons des plateformes qui intègrent les couches basses ». Une grande partie de la puissance du web provient de sa facilité d'utilisation, concède Alex Russell. Les développeurs peuvent visualiser et réutiliser le code source. Les navigateurs corrigent certaines erreurs et acceptent des technologies comme CSS (Cascading Style Sheets) qui propose des méthodes simples pour exécuter des tâches complexes (formatage de texte, etc.) Mais une telle facilité a des limites pour un développeur qui souhaite aller plus loin. « Avec CSS, vous obtenez la même présentation du texte sur l'ensemble des sites web avec la même conception et les mêmes contraintes » observe Alex Russell.

Une balise commentaire, des classes dans JavaScript et Dart


Les efforts de Google comprennent la création d'un modèle unifié de composants. A titre d'exemple, Alex Russell a montré un élément qu'il a créé et baptisé « Commenting » (commenter). Pour les pages web qui autorisent les commentaires des internautes, l'élément commenting sera visualisé par un tag capable de dimensionner automatiquement le texte soumis et aussi intégrer une photo. Cette balise est actuellement un projet avec sa propre API. Cette technologie pourrait rentrer en concurrence avec Facebook et sa fonctionnalité de commentaires.

Autre axe de travail, l'ajout de classes dans la prochaine version de JavaScript. Un élément essentiel de la programmation orientée objet, les classes sont des modèles pour la réutilisation de morceaux de données et les comportements. Aujourd'hui, JavaScript ne prend pas en charge les classes et les développeurs en JavaScript ont tendance à utiliser des appels de fonction pour définir les morceaux de code opérationnel. Cette pratique prend beaucoup de temps et rend le code plus difficile à réutiliser. « Nous devons tout construire à partir de ces éléments primaires sans avoir la possibilité de partager quoique ce soit. Il n'y a pas de langage commun pour les plateformes web » souligne Alex Russell et d'ajouter qu'avec l'intégration des classes dans JavaScript « on ajoute un langage commun sur ce que la plateforme sait déjà faire ».

Mike Milinkovich, directeur exécutif de la Fondation Eclipse, est d'accord avec l'analyse d'Alex Russell, sur le fait que « les développeurs ont besoin d'outils plus avancés pour le maintien et le débogage des applications web ». À cette fin, Eclipse a élaboré une version de son IDE (Integrated Developer Environment), appelé Orion, qui fonctionne entièrement à l'intérieur d'un navigateur web.

La dernière initiative porte sur le langage promu par Google, Dart. « La culture actuelle des langages de programmation est très difficile pour la création d'applications complexes pour le web », souligne Dan Rubel, développeur chez Google et qui fait partie de l'équipe sur Dart. Ce langage est conçu à la fois pour bâtir rapidement de petits projets et pour développer des applications web de plus grande ampleur.