Le 9 janvier dernier, la Dinum a officiellement lancé son Campus du numérique public. Cornelia Findeisen, cheffe du département RH de la filière numérique de l'État à la Dinum, en a détaillé les arcanes pour CIO, ainsi que les enjeux auxquels il est censé répondre et ses ambitions. Le Campus du numérique public est une des composantes de la démarche de l'État pour attirer et retenir des compétences rares que sont celles du numérique, en combinaison avec la nouvelle grille de rémunération ou l'accélération des processus et des cycles de recrutement, par exemple. Le dispositif propose aux agents de l'État de s'acculturer et de se former à l'informatique et au numérique. Il est assis sur une plate-forme en ligne qui regroupe en un même endroit des formations au numérique et au rôle de formateur, et collecte les propositions de cours.

Le Campus s'adresse dans un premier temps aux agents de l'État qui ont tous accès aux modules et cursus proposés, mais sera ensuite étendu à toutes les administrations. En novembre 2023 et en janvier 2024, la DRH de la Dinum a commencé par le haut de la hiérarchie, en organisant deux journées de sensibilisation à la transformation numérique spécifiquement pour les 200 directeurs et directrices d'administration centrale. Au programme, présentations théoriques, partage d'expérience et mise en pratique en atelier. Des modules d'approfondissement leur seront proposés jusqu'à l'automne prochain.

S'appuyer sur les dispositifs de formation existants

Pour avancer rapidement, la Dinum a d'abord recensé l'offre de formation existante auprès des différents services des ministères. « Les cursus identifiés sont placés sous l'ombrelle du Campus, ce qui leur donne de la visibilité tout en enrichissant le contenu de la plateforme, explique Cornelia Findeisen. Nous accueillons également toutes les nouvelles idées de cours, provenant de ministères ou d'opérateurs de formation. » Pour la DRH du numérique de l'État, plus largement, toutes les initiatives sont les bienvenues. Elle compte, par exemple, se rapprocher du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Et va lancer en février prochain, avec l'École des Mines et l'École nationale de la magistrature, un cycle d'acculturation d'un an à l'administration numérique d'une institution judiciaire, à destination des cadres supérieurs du monde judiciaire. Cornelia Findeisen a également rencontré les responsables du Campus Paris santé, qui dispose déjà de cursus construits à partir des formations des instituts de recherche qui le constituent (PSL, Inserm, Inria). Ensemble, ils envisagent la déclinaison du Campus du numérique public avec une focale recentrée sur la santé.

La DRH de la Dinum a ainsi adopté une approche d'amélioration continue et pioche dans toutes les idées possibles. Elle ne souhaite d'ailleurs pas non plus se donner de contraintes en matière de formats pour les cursus. La quarantaine de formations déjà disponibles se tiennent aussi bien en présentiel, qu'à distance ou en hybride, en synchrone qu'en asynchrone, etc. En ce qui concerne les thématiques abordées dans les contenus, technologies ou méthodes, là encore, l'État opte pour l'efficacité en exploitant l'existant. Même si les priorités sont évidentes : l'IA, la data, la cybersécurité, mais aussi le développement.

La Dinum compte aussi sur la reconversion

Aucun objectif en nombre d'agents formés n'a été divulgué pour le tout jeune Campus du numérique public. « Mais nous voulons mettre l'accent sur les reconversions pour faire levier sur les 2500 recrutements prévus dans le numérique par an, précise en revanche Cornelia Findeisen. Tous les candidats ne pourront pas venir de l'extérieur, et nous voudrions au moins engager quelques dizaines de reconversions dès cette année. » D'autant que cette option permet aussi aux agents dont le métier a été profondément transformé par le numérique de trouver une voie d'évolution. « Le dispositif est accessible à tous les publics, quelle que soit leur formation initiale, leur métier, leur âge », poursuit la DRH du numérique de l'État. Un accent particulier sera mis sur les candidatures de femmes. « Nous avons un parcours d'accompagnement des femmes du numérique appelé Ada, poursuit-elle. Ce sont de petites promotions, mais c'est une brique sur laquelle nous pouvons capitaliser. Et nous étudions aussi l'idée de cycles de professionnalisation ou de reconversion spécifiques pour elles, car les métiers en déclin sont largement féminisés. »

« Les grandes transformations de l'État vont se faire par et pour le numérique, insiste Cornelia Findeisen. Nous partons du principe que les responsables des politiques publiques ne peuvent plus être étrangers à ces sujets. Cela ne signifie pas qu'ils vont gérer directement la transformation numérique. Ils vont bien entendu continuer d'exercer leur métier, mais doivent pouvoir participer à cette transition, parler avec les chefs de projet, les chefs de produit, les spécialistes techniques, etc. » Et l'objectif est double pour la DRH du numérique de l'État. Car il s'agit aussi d'attirer les professionnels du numérique qui sont sensibles à l'idée d'évoluer dans un environnement accueillant pour le digital. « Les jeunes qui se destinent au numérique sont davantage intéressés par des projets 'à impact' que par le statut de fonctionnaire, insiste la DRH du numérique de l'État. C'est pour cela que nous devons travailler sur la culture du numérique des managers. »