Le rapport sur la compétitivité 2003 publié hier par la Commission européenne pointe du doigt le lien entre la compétitivité des entreprises et leur niveau d'investissement dans les nouvelles technologies. Selon la Commission, "les entreprises atteignant une croissance de productivité élevée sont celles qui combinent améliorations organisationnelles et investissements dans les nouvelles technologies, en particulier dans les technologies de l'information et de la communication (TIC)". Elle note toutefois que les TIC ont davantage contribué à la croissance de la productivité aux Etats-Unis que dans l'Union Européenne, les pays européens misant beaucoup plus sur les types traditionnels d'investissements en capital. Pour Erkki Liikanen (photo), le commissaire européen chargé des entreprises, "les réformes structurelles permettant d'investir davantage dans le secteur de l'innovation et de l'éducation ainsi que la poursuite de la diffusion de nouvelles technologies sont essentielles pour que la croissance de l'emploi et de la productivité retrouve le niveau atteint lors du sommet de Lisbonne." S'il se réjouit du fait que l'Europe rattrape son retard sur les Etats-Unis en matière de technologies de l'information, le commissaire note que les taux de pénétration d'Internet dans l'ensemble de la population continuent à être plus faible dans l'UE qu'en Amérique du Nord. De même, le commerce électronique n'a toujours qu'une importance secondaire pour les entreprises et les taux de pénétration de l'accès à large bande, quoiqu'en progression, restent plus faibles que les taux comparables au niveau international. Enfin, les frais de téléphone, disparates selon les pays de l'Union restent un problème dans certains pays comme la Finlande ou le Royaume-Uni. Notons que la Commission pointe aussi du doigt des facteurs de retard européen qui devraient faire couler beaucoup d'encre dans les jours à venir. Ainsi, le rapport affirme que la diminution des heures travaillées par personne dans l'UE, la stagnation virtuelle du nombre total d'heures travaillées au cours des trente dernières années ainsi que le récent ralentissement de la croissance de la productivité ne vont pas dans le sens de la rapide amélioration des niveaux de vie espérée par les dirigeants de l'UE. La différence cumulée US-EU en matière de croissance de la productivité en 1995-2002 serait ainsi de 9 points en pourcentage, lorsqu'elle est mesurée par personne employée, et de 4,5 points lorsqu'elle est mesurée par heures travaillées. Seul souci, les technologies de l'information, vantées pour leur contribution à la productivité, sont aussi largement considérées comme destructrices d'emplois, notamment dans les services (banques, assurances…). Un paradoxe que le rapport se garde bien d'aborder…