Pour sa seconde édition, l’observatoire Ecco (European Cloud Competition Observatory) juge que les relations avec Broadcom sur les licences VMware ont empiré. Promu par le CISPE (regroupant des fournisseurs de cloud opérant en Europe) mais aussi le Cigref et son homologue Beltug en Belgique, ce baromètre revient sur les points de tension avec le spécialiste de la virtualisation depuis son rachat.
Le premier point d’achoppement est l’augmentation considérable du prix des licences. Dès le début du rachat, Broadcom a décidé de mettre fin aux licences perpétuelles et a orienté les clients à souscrire à des abonnements sur des packages souvent plus cher que la seule licence initiale. On se souvient de l’affaire AT&T où l’augmentation demandée était de 1 050%.
Entre 800 et 1 500% d'augmentation
Dans l’appendice de l’observatoire, des membres du CISPE rapportent des niveaux de hausse compris entre 800 et 1 500%. L’organisme constate souvent une augmentation de 1 000%. En France, la hausse des prix touche tous les secteurs d’activité, l'université de Lille expliquait l’année dernière une multiplication par 12 de son budget VMware avant négociation. Récemment, un acteur de la protection sociale nous indiquait avoir vu son contrat flamber de 700% et des négociations tendues avec l’éditeur.
Le problème est que face à cette dérive des prix, les entreprises et les fournisseurs cloud n’ont pas de marges de manœuvre. Il est en effet difficile de se passer de VMware et une récente étude a montré qu’une migration peut se révéler complexe et coûteuse. De guerre lasse, les clients n’ont alors souvent d’autres choix que renouveler leur contrat avec Broadcom... qui n’hésite pas d’ailleurs à mêler la carotte et le bâton.
Une pression constante pour renouveler les contrats et des migrations encore balbutiantes
Pour les entreprises qui concluent des contrats fixes de trois ans, le fournisseur américain offre généralement une remise de 30 % à 50 % sur le prix. Par contre, il n’hésite pas à menacer de poursuites les récalcitrants comme le montre l’envoi récent de lettres aux utilisateurs en fin de support pour ne pas mettre à jour leurs solutions VMware. Broadcom est même passé à l’acte en poursuivant Siemens pour violation de licences. En renégociant leurs contrats avec cette société, les entreprises se donnent en général du temps pour réfléchir à des alternatives. Certaines d’entre elles ont choisi cette démarche. C’est le cas du britannique Beeks qui a basculé 20 000 VM sur OpenNebula. Il s’agit d’une opportunité pour les fournisseurs IT qui se sont mis en ordre de bataille, Nutanix, HPE, IBM (avec Red Hat), Citrix ou Proxmox. Mais ces évolutions ne se feront pas en mode big bang, mais de manière pragmatique et réfléchie.
Face à cette situation, les clients ne comptent pas rester les bras croisés et n’hésitent pas à mener le combat contre Broadcom. C’est le cas notamment de l’association allemande VOICE, qui a porté plainte auprès de la Commission européenne pour violation du droit de la concurrence. L’observatoire appelle l’exécutif bruxellois à se mobiliser et à prendre des mesures pour modifier le comportement anti-concurrentiel du géant américain.
Commentaire