Dans sa dernière étude(*), le cabinet Markess International apporte plusieurs éléments de compréhension sur le marché du cloud computing pour la France. On décrit en général le cloud avec trois composantes : le Saas (Software as a service), le Paas (Platform as a service), l'Iaas (Infrastructure as a service), donc les applications, les plate-formes et les infrastructures en mode hébergé. Ces trois éléments étant reliés, insiste Markess, au marché de l'hébergement (soit l'hébergement en co-location, soit l'infogérance, à l'exclusion de la part de l'hébergement qui va dans les contrats d'infogérance). L'hébergement représente 880 millions d'euros en 2009 en France et le cloud (Saas + Paas + Iaas) 1,5 milliard d'euros -le Saas représentant la majeure partie de cette somme -. Dans un sens plus large encore, incluant l'hébergement, le marché français du cloud computing représente 2,3 milliards (**). Ce marché connaît plusieurs évolutions. Markess souligne par exemple l'intérêt croissant pour le cloud privé. Réticentes à confier leurs données à l'extérieur, les entreprises peuvent se laisser tenter par cette formule qui concerne l'hébergement à l'intérieur d'un même groupe industriel ou dans un cadre mutualisé, par exemple entre collectivités locales. C'est le cloud privé interne. Il comporte une variante : le cloud privé externe. Dans ce cas, l'hébergement se fait dans un centre dédié aux seules données de l'entreprise ou d'un groupe d'entreprise. Reste un troisième cas de figure, celui du cloud public, où les ressources sont mutualisées chez un prestataire externe. Autre évolution, celle concernant les secteurs externalisés. Les acteurs du marché et les DSI interviewés citent de plus en plus le réseau comme le prochain secteur à virtualiser. D'autres sont déjà largement concernés : stockage, poste de travail, plateformes applicatives, services web. La crise économique peut-elle précipiter la demande ? Actuellement, sur les 150 interviewés, 7% sont intéressés pour passer au cloud de type « privé » interne » (53% d'ici 2011), 8% à une formule externe mais dédiée (44% d'ici 2011), 5% pour la solution externe totale (36% d'ici 2011). Parmi les raisons de ce recours au « cloud » viennent en tête : l'optimisation des coûts d'exploitation (30% des réponses), la volonté de mutualiser les ressources (26%), la réduction des risques d'interruption du business (20%), une meilleure évolutivité (19%), l'externalisation de la sauvegarde, la maintenance et la réactivité (18%). Enfin, Markess s'intéresse aux acteurs de ce marché, et les répartit dans sept secteurs différents. Cinq sont des grands classiques de l'informatique : les spécialistes de la co-location (Equinix, Interxion, Telehouse, Telecity Group), les opérateurs télécoms et hébergeurs (OBS, Colt, Easynet, SFR-Jet Multimédia), les hébergeurs à valeur ajoutée (Agarik, Claranet etc), les infogéreurs (Cap, HP-EDS, Atos, IBM), les éditeurs (Microsoft). Deux secteurs font figure de nouveaux entrants : les spécialistes du Saas (Salesforce, Google), et les nouveaux venus (Amazon, Rackspace, Rightscale). Markess a enregistré beaucoup de citations, parmi ses interviewés, sur ces deux nouveaux secteurs, preuve que même Google et Amazon sont pris en compte dans les DSI. Markess avait également demandé : quels sont les acteurs les plus avancés en matière de « cloud » ? Amazon, Google Salesforce, et Rackspace sont largement cités. De quoi inquiéter des acteurs mieux installés. Le marché semble de toute façon très ouvert : les 150 interviewés ont cité 60 acteurs différents. (*) Le cabinet Markess International a mené une enquête en ligne entre les mois de juin et de septembre dernier auprès de 150 responsables d'entreprises, venus : à 69% des DSI, à 24% des DG, 7% autres. Ils appartiennent aux secteurs : IT et télécoms, 29%, secteur public, 19%, banque et assurances, 15%, industrie, 13%, distribution 6%, autres 18%. Un gros tiers de ces entreprises, 37% ont plus de 2 000 salariés, 39% moins de 250, le reste, 24%, est entre 250 et 2 000 salariés. (**) Au plan mondial, IDC évalue le marché du cloud à 17,4 milliards de dollars en 2009 et prévoit 44,2 milliards de dollars pour 2013. Le cabinet segmente ce marché du cloud en cinq secteurs : les applications qui passeraient de 8,5 milliards de dollars en 2009 à 16,8 en 2013, les infrastructures applicatives de 3,5 à 8,8, les serveurs de 2,1 à 6,6, les développements de 1,7 à 5,8, le stockage de 1,6 à 6,2.