Deux an et demi après avoir quitté le poste de PDG du groupe qu'il a fondé, Michael Dell reprend du service et remplace son ex-successeur, Kevin Rollins, démissionnaire. Celui qui s'est appuyé sur la vente directe pour asseoir son succès n'était cependant pas retraité puisqu'il présidait le conseil d'administration. « Il n'y a pas de meilleure personne au monde pour diriger Dell que l'homme qui a créé le modèle direct et qui a bâti cette société au cours des 23 dernières années », ont commenté les administrateurs. Le départ de Kevin Rollins n'est pas une grande surprise, estime Charles King, analyste chez Pund-IT : « la société sort de trimestres délicats et M.Rollins était dans le collimateur ». De fait, si Dell dominait largement le marché mondial des PC il y a encore un an, le constructeur doit désormais composer avec une situation moins brillante. Au troisième trimestre 2006 HP lui a ravi la place de premier vendeur mondial (en volume), une position que Dell occupait depuis 2003. Tout au long de 2006, HP s'est montré bien plus apte à conquérir de nouveaux clients que son principal concurrent : quand le premier voyait ses parts de marché progresser de 19%, Dell devait se contenter de 3,5%. « Ils n'ont jamais réussi à s'emparer des marchés étranger, explique Martin Reynolds, vice-président au Gartner. Ce qu'il s'est passé c'est que leur marché d'origine - les Etats-Unis - a ralenti et HP, qui s'est montré plus futé, a récupéré certaines parts de marché que Dell n'aurait jamais dû perdre ». Selon l'analyste, de nombreux consommateur en dehors des Etats-Unis rechignent à commander un PC sur Internet et devoir attendre qu'il leur soit livré. Cette moindre croissance des ventes, à laquelle s'ajoute le rappel de 4,2 millions de batteries pour portables défectueuse en août, ont conduit le groupe a publier des résultats décevants. Le groupe débutait ainsi son exercice 2006 sur un bénéfice net en recul de 18% et indique que la quatrième période de l'année ne parviendra pas à satisfaire les attentes des analystes. Dell est par ailleurs sous le coup d'une enquête de la SEC (le gendarme de la Bourse américaine) sur la prétendue existence de pratiques comptables irrégulières. Une enquête qui a conduit le constructeur à reporter la publication de ses résultats des deux derniers trimestres. Le retour de Michael Dell pourrait n'être que provisoire. C'est du moins l'opinion de Martin Reynolds, qui croit savoir que Dell cherche d'ores et déjà un nouveau patron apte à résoudre les problèmes de distribution internationale du groupe. « C'est clairement un problème de réseau de distribution, et pas de technologie », explique l'analyste qui verrait bien un dirigeant d'UPS ou de FedEx succéder à Michael Dell.